Scènes

Ôtrium à la maison

Ôtrium, nouveau trio à Home Factory


Ôtrium © Franpi Barriaux

De retour à la maison après plusieurs semaines de COVID : voilà le sentiment qui domine lorsqu’il s’agit d’accueillir un nouveau concert d’Home Factory, à Sotteville-lès-Rouen. C’est à un régional de l’étape que carte blanche est donnée, puisque le trompettiste Quentin Ghomari, membre des Vibrants Défricheurs et de Papanosh, venait présenter Ôtrium, nouvelle formation en trio pour un musicien plutôt habitué aux grands formats.

Alors qu’un disque sortira en fin d’année chez Neuklang, survivance de l’époque où Quentin Ghomari émargeait dans Ping Machine, le trio Ôtrium étrennait près de Rouen des partitions largement écrites pendant les différents confinements. Le son très clair, marqué par les maîtres du Normand, Dave Douglas en tête, Quentin Ghomari s’est adjoint les talents de Yoni Zelnik à la contrebasse et d’Antoine Paganotti à la batterie.

Quentin Ghomari © Franpi Barriaux

On sait la connaissance fine des traditions qui caractérise Ghomari, et les morceaux s’enchaînent, entre citations d’Ornette Coleman et jeu de miroirs, avec l’attention pointilleuse de Zelnik qui joue avec parcimonie, favorisant une rythmique solide, de celles qu’on avait pu entendre avec Jonathan Orland ou Yoann Loustalot. Il y a une vraie complicité entre eux deux, ce qui libère souvent la batterie de Paganotti, très en verve. On remarque la grande musicalité ce batteur, tant lorsqu’il joue des bols que lorsqu’il attaque ses cymbales ; le triangle, grâce à cela, conserve une couleur chaleureuse, proche du soleil couchant qui inondait, ce jour-là, la salle.

Ôtrium est la contraction de trio et d’otium, le concept latin de l’oisiveté créative. C’est ainsi, nous dit Quentin Ghomari, que la plupart des titres ont été écrits, lors de l’arrêt contraint des confinements. Un morceau s’est construit autour du scratch intempestif d’un 33 tours terminé, alors que le trompettiste s’était assoupi dans son fauteuil. C’est sans doute également ce qui donne aux titres d’Ôtrium une certaine langueur, une douceur qui se masque parfois derrière des regains d’énergie, souvent initiés par la batterie d’Antoine Paganotti. Le disque est très attendu.