Sylvain Rifflet - Jon Irabagon
Rebellion(s)
Sylvain Rifflet : tsax, compos ; Jon Irabagon : ssax, compos ; Sebastien Boisseau : b ; Jim Black : d
Label / Distribution : BMC Records
Sylvain Rifflet s’est hissé à un niveau musical européen et compte parmi les musicien.ne.s les plus à suivre de la décennie. Tout juste rentré d’une tournée balte avec son quartet Troubadours – un projet déjà salué par la presse et dont l’inventivité est remarquable – il ouvre maintenant une nouvelle voie avec un projet politico-textuel, musico-militant : Rebellion(s).
Enregistré à Budapest, aux bons soins du Budapest Music Center, ce disque est une sorte de manifeste. Les deux saxophones de Jon Irabagon et Sylvain Rifflet sonnent l’alarme. Poussés et secoués par la batterie nerveuse et dynamique de Jim Black et la contrebasse de Sébastien Boisseau, les instruments mélodiques (le ténor rond et grave de Rifflet et les sopranos tranchants et aigus d’Irabagon) se mêlent aux voix et aux textes.
Car, c’est là où l’intelligence rencontre la beauté, les morceaux portent les noms de figures historiques que Rifflet et Irabagon considèrent comme des étendards de la rébellion. La rébellion contre l’injustice, l’oppression, le fascisme, le capitalisme dévastateur prend forme lors de discours célèbres (André Malraux pour Jean Moulin, Greta Thunberg à la COP24, Emma González après la fusillade de Parkland… la voix animale de Jeanne Added qui lit Olympe de Gouges) qui forment la toile de fond et parfois le canevas des pièces.
Sylvain Rifflet et Jon Irabagon utilisent la technique qui consiste à relever, parce qu’il est déclamé avec une certaine amplitude, la mélodie d’un discours parlé et de la jouer ensuite simultanément.
Le procédé fonctionne à merveille ici pour ces discours. Ainsi, habillés d’une force et d’une profondeur que la musique procure, les mots deviennent musique, note, chant. Et l’on sait que chaque révolte, chaque révolution connaît son chant. Les rébellions de Sylvain Rifflet ont donc le leur, comme un journal intime révolté. Une musique faite pour durer.
La quarantaine mature et posée, le saxophoniste s’expose et invente des chemins très personnels, avec justesse et équilibre, construisant un univers de plus en plus riche et singulier. Ses projets ne flottent jamais au-dessus du sol mais sont tous bien ancrés dans des réalités historiques, politiques ou musicales, témoignant de son vif intérêt pour la culture humaniste.
Sur scène, Rebellion(s) est conçu avec de la vidéo, des dessins animés, une mise en scène de façon à rendre intelligible et percutant l’ensemble des discours, musicaux et politiques.