Scènes

Théo Croker, des notes bleues au Blue Note

Le trompettiste l’affirme, le jazz est mort.


Théo Croker se produisait en quintet le 28 juin dernier au Blue Note de New York pour présenter son dernier album - le 7e - Love Quantum, paru chez Star People Nation.

Théo Croker © Guillaume Petit

Comme il aime à le rappeler à son auditoire, une chose est bien claire pour Théo Croker : « Jazz is dead ! »
Outre que cette affirmation soit le titre d’un morceau de l’album, force est de constater qu’on a plus affaire à un syncrétisme musical qu’à un style de musique ou de jazz bien défini. Dans cette musique urbaine qui va du hip hop à la soul et à l’électro funk, Théo Croker incorpore ses influences et les sons de son époque, tel Miles Davis dans sa période « électrique », et la comparaison ne s’arrête pas là quand on voit la pochette de l’album Love Quantum qui rappelle l’esthétique de Bitches Brew et Live Evil, magnifiques pochettes signées par le peintre allemand Abdul Mati Klarwein pour Miles au début des seventies.
Les conditions sont réunies au Blue Note pour passer un bon moment : accueil décontracté, sonorisation impeccable et air climatisé… le set commence par un sample dont DLeau (design visuel et sonore ) est à l’origine, puis ce sont Shekwaga Ode (batterie) et Eric Wheeler (contrebasse) qui impulsent le groove permettant à Mike King (piano et claviers) de parfaire la texture sonore sur laquelle Théo Croker n’a plus qu’à poser de belles notes tenues à la trompette, dans un style “cool” qui fait penser à Donald Byrd et bien sûr à Miles. La musique jouée n’est constituée que des compositions originales de Théo Croker, l’esthétique sonore est très travaillée (en particulier le set de batterie de Shekwaga Ode avec ses cymbales en spirale) et les structures musicales des morceaux millimétrées, le son d’ensemble est précis et très sophistiqué. Pas d’improvisation, pas de chorus en crescendo à la trompette mais plutôt des motifs joués par vague et répétés avec des décalages rythmiques ; des effets appliqués au son de la trompette et un jeu plutôt dépouillé, élégant, donnent à la musique sa forme finie, ce qui n’est pas sans rappeler encore une fois l’influence de Miles Davis. C’est lorsqu’il devient MC que Théo Croker se fait plus éloquent, partageant sa vision du monde et son envie de compter parmi les musiciens influents sur la scène mondiale, car ce trentenaire qui a déjà joué sur toutes les scènes importantes sera en tournée en France avec son groupe et également au sein du sextet d’Émile Parisien.