Naïssam Jalal

Un neuvième album envoûtant dont la flûtiste Naïssam Jalal signe toutes les compositions. Suite à son expérience de la maladie et à l’impact de la musique sur la guérison morale et physiologique, elle a imaginé la création de rituels de guérison dont chacun est connecté à un élément naturel (vent, soleil, collines, rivière, terre, forêt, lune, brume). On perçoit une vraie force dans cette musique où se mêlent beauté, transe et silence, et l’on ressent un sentiment d’évasion immédiat et un bien-être à l’écoute de ce disque qui est un vrai voyage spirituel.

Naïssam Jalal chante, joue de la flûte traversière, du ney (flûte en roseau) et du daf (grand tambour sur cadre). Elle est accompagnée par Clément Petit au violoncelle, Claude Tchamitchian à la contrebasse et Zaza Desiderio à la batterie. Son jeu de flûte traversière est très personnel, libre de tout académisme, et le son pur et fluide ; sa virtuosité est époustouflante comme dans « Rituel du soleil », second morceau de l’album, dans lequel elle livre un solo où ses attaques dans le registre suraigu sont proprement stupéfiantes. On y entend aussi un clin d’œil à Roland Kirk dans les moments où elle parle ou chante dans sa flûte tout en jouant. Lorsqu’elle joue du ney, comme dans « Rituel du vent » qui inaugure l’album, on ressent l’appel du désert à travers le son de la flûte dans un jeu influencé par l’apprentissage traditionnel qu’elle a effectué sur cet instrument. Parfois, il est dur de différencier la flûte traversière du ney, tant elle excelle dans la maîtrise de ses instruments, et l’on est en proie au doute lorsqu’on l’entend chanter dans « Rituel de la terre » car on croirait entendre une flûte à travers ses vocalises.

Les thèmes des différents morceaux sont parfois joués dans de magnifiques unissons flûte / violoncelle, comme dans « Rituel du soleil » ou « Rituel de la terre ». Sur le premier, Clément Petit nous bluffe car on croit entendre le son de l’oud à travers le violoncelle de ce musicien singulier qui exploite tous les possibles de son instrument. On découvre de très beaux moments d’archets en duo avec Claude Tchamitchian, dans « Rituel de la rivière » ou « Rituel des collines ». Le contrebassiste, au lyrisme épuré, pose avec souplesse les bases harmoniques et rythmiques de la musique, et sait trouver un bel équilibre avec Zaza Desiderio, dont la finesse de jeu complète parfaitement celle de ses partenaires. La cohésion entre la section rythmique et les solistes donnent une homogénéité au son du groupe. Naïssam Jalal a su trouver les bons partenaires pour sa quête de spiritualité dans la musique, et cela s’entend dans Healing Rituals. Avec un beau travail de prise de son et un mix équilibré pour ce magnifique et indispensable album produit par le label Les Couleurs du son.
Ne pas hésiter à (re)découvrir l’interview de Naïssam Jalal par Franpi Barriaux.