Chronique

Trio Grande

Impertinence

Laurent Dehors (ts, cl, cbcl), Michel Massot (tu, tb), Michel Debrulle (dms, perc)

Label / Distribution : Igloo

Des nouvelles du plus petit big band du monde ? Nous n’en avions pas eu depuis cinq ans et une référence aux mousquetaires. Mais alors que ça fait trente ans que le Trio Grande existe, petit cousin d’outre-Quiévrain du Trio Bravo dont les premiers albums ressortent, l’orchestre n’a enregistré que six albums, dont deux avec un invité anglais. Autant dire que chaque nouveauté attire l’oeil et attise la curiosité. Après ces années covidées, qu’en est il de l’alliance entre Michel Massot et Michel Debrulle, ou de la douce folie de Laurent Dehors ? La réponse est dans un morceau très dehorsien, « Menuet Transfiguré », où le tuba se charge de la Suite Française n°3 de Bach avec ce flegme qui lui est propre pendant que les anches se pavanent dans une dans improvisées. Le retour du Trio Grande est joyeux et chahuteur, à l’image de ses membres.

On est heureux de les retrouver avec une telle envie. Sur « Rue de la Brasserie », écrite par Massot, on apprécie d’abord tout le travail rythmique de Debrulle, toujours inventif et inattendu, et puis l’on déambule avec les soufflants, plus fanfarons que jamais. Il y a de l’ivresse alentour et une grande décontraction, la joie de se retrouver sans doute, de raviver quelques souvenirs, et pendant que la paire belge se fond dans un de ses maillage serré dont ils sont coutumier, Dehors prend la tête de la promenade en chaloupant le reste. Idem avec « Charleston », et sa danse espiègle qui donne le tournis. On est quand même là pour s’amuser nous dit le Trio Grande. Il semblerait que le message soit reçu cinq sur cinq.

C’est une belle histoire d’amitié et de fidélité que ce trio : il y a d’ailleurs quelques instants où l’espièglerie laisse place à une émotion profonde, à l’image de « Mathilde » écrit par Massot. La rythmique trouvée par Michel Debrulle donne à ce morceau des atours cinématographiques, avec une certaine tension. Encore et toujours, Trio Grande raconte des histoires. Ici, Laurent Dehors est passé à la clarinette contrebasse, et comme toujours, c’est une autre magie qui opère, un brin nostalgique. C’est ce qui scelle aussi les belles aventures, celles qui peuvent durer encore longtemps.