

Wako
Evig liv, perfekt orden
Martin Myhre Olsen (ss, ts), Kjetil A. Mulelid (p), Bárður Reinert Poulsen (b), Simon Olderskog Albertsen (d).
Label / Distribution : Ora fonogram
Kjetil A. Mulelid n’en finit plus de nous surprendre. Non seulement il a publié trois albums déterminants avec son trio, Not Nearly Enough To Buy A House, What You Thought Was Home et Who Do You Love The Most ?, mais il trouve le temps de se produire en duo avec la chanteuse Siril Malmedal Hauge, d’écrire pour sa grande formation Agoja et se distingue par ses prestations solo. Cela vous semble beaucoup ? Et bien sachez qu’il a réactivé Wako, ce quartet qui est l’un des groupes phares de la scène norvégienne.
Depuis 2015, cette formation a enregistré six albums très aboutis qui témoignent d’une parfaite unité entre les quatre musiciens. Evig liv, perfekt orden que l’on peut traduire par Vie éternelle, ordre parfait, inclut dix pièces qui passent de l’opacité à des parcelles de lumière.
En ouverture de cet album, Bárður Reinert Poulsen a composé « Folk », une ballade trompeuse car elle n’annonce pas les climats équivoques qui vont se succéder ensuite dans des morceaux tourmentés. « Drifting » permet de mesurer l’intensité qu’installe le saxophoniste Martin Myhre Olsen, avec l’influence de Jan Garbarek qu’on ressent particulièrement dans la construction mélodique de ce thème, authentiquement nordique. Kjetil A. Mulelid improvise avec soin et dans les tempos rapides, il déborde de ferveur à l’image d’« Amerika » qui se distingue par une interaction superbe avec Martin Myhre Olsen au soprano. Simon Olderskog Albertsen fait sensation dans « Homemade », la souplesse éventée par ses caresses sur la caisse claire avec les brins métalliques des balais est admirable.
Pivot du groupe, Bárður Reinert Poulsen est l’un des contrebassistes contemporains à suivre, la pertinence de son jeu dans « Victoria » révèle son désir de swinguer.
Evig liv, perfekt orden est synonyme de modernisme, à l’exemple de l’œuvre picturale de l’artiste interdisciplinaire Ryan Bock qui figure sur la pochette. Le blues n’est pas pour autant oublié, « To Mom And Dad, It’s Okay » tranche avec les autres compositions et clôt cet album par un chant solennel.