Chronique

XZonn

Ondes

Bernard Paganotti (elb), Bertrand Lajudie (key), Antoine Paganotti (d) + Anthony Jambon (elg), Stéphane Chausse (EWI, cl).

Label / Distribution : Assai Records

Voilà un album d’autant plus réjouissant qu’on ne l’attendait pas vraiment. De longues années – une bonne trentaine – après la fin de l’aventure du Paga Group, XZonn signe les retrouvailles discographiques entre Bernard Paganotti et Bertrand Lajudie. Avec l’évocation de ces deux noms, c’est toute une époque qui revient en mémoire : souvenons-nous par exemple que le bassiste fut aux avant-postes de Magma au milieu des années 70 (en particulier du temps de l’album Magma Live), groupe qu’il quitta un peu malgré lui avant de former l’éphémère Weidorje, flanqué de son complice Patrick Gauthier, débarqué lui aussi de la planète Kobaïa. Quant à Bertrand Lajudie, pianiste, compositeur et arrangeur, outre sa présence au sein du Paga Group, on n’aura pas oublié le très beau Kinematics avec Stéphane Chausse en 2013, sur leur label Assai Records, qui publie aujourd’hui Ondes.

Ce disque est né du désir commun de faire vivre à nouveau une musique spontanée, quelque part dans les hautes sphères d’un jazz rock élégant : d’abord imaginée à l’occasion de sessions destinées à faire émerger des idées (rythmiques et mélodiques), celles-ci ont fait ensuite l’objet d’un travail de réflexion et de mise en forme plus définitive. Et parce que la fête n’est jamais assez belle, le duo a fait appel à une tierce personne bien connue, le très actif Antoine Paganotti, batteur et fils de Bernard, comme on le sait. Un trio qui voit le renfort d’autres couleurs, celles de la guitare d’Anthony Jambon et de la clarinette de Stéphane Chausse. Disons-le nettement : c’est un grand plaisir que de retrouver la basse grondante de Bernard Paganotti, toujours prête à propulser la musique d’un groove puissant, charnel et gourmand (« IC 1101 », « Processionnaire »). Une basse qui sait se faire plus aérienne certes (« Ikari »), mais ouvrant toujours la voie, telle une éclaireuse sur des chemins évoquant parfois par quelques échos le travail de Weather Report ou des Headhunters d’Herbie Hancock. Quand elle ne cligne pas de l’œil à Jannick Top (« Obsess »), autre compagnon de route et condisciple de Paganotti. Autant dire que Bertrand Lajudie peut laisser libre cours à son sens de la narration, déployant de son côté des couleurs scintillantes pour dévoiler des paysages célestes aux horizons infinis (« IC 1101 » étant une très lointaine et immense galaxie), comme il le fait par exemple sur le très mélodique « Ikari » ou dans la deuxième partie de « Karl ». Signalons aussi qu’Antoine Paganotti est ici aussi chanteur, un rôle qu’il endosse avec la maîtrise qu’on lui connaît depuis longtemps (au sein de Magma ainsi qu’aux côtés de Patrick Gauthier sur ses récents disques Clinamens et Dans l’entrelacs des roses-pierres).

Ces Ondes majestueuses, gorgées d’un groove cosmique, sont une très belle occasion de faire en compagnie de Bernard Paganotti et Bertrand Lajudie un voyage vers un ailleurs magnétique et électrique dont on n’a pas envie de connaître le terminus. Tout le monde à bord !