Chronique

ÆGN

Aegean Nights

Marc Buronfosse (b, elec) Arnaud Biscay (dms, cla, elec) Maxime Hoarau (vib, elec) + invités

Label / Distribution : Arts Culture Europe

Après un premier album bleu, si bleu, les îles égéennes de Marc Buronfosse viennent de nouveau titiller notre imagination. Elle est fertile, en cette époque sinistre où les plus beaux voyages sont immobiles. Ca pourrait être frustrant ; c’est doux, calme, et seul le soleil mord, à l’instar de « Thea’s Night » où le vibraphone de Maxime Hoareau agit comme un puissant opiacé. Le soleil ou la lune ? C’est un peu à l’auditeur de décider, mais on s’imagine que le soleil traîne, à Paros, au tout début de l’été, et que les nuits sont douces. D’ailleurs, la Fender VI de Buronfosse, mi-basse, mi-guitare, offre des horizons traînants, comme un Pink Floyd pompéien sans grand risque de lave : tout dans ces Aegean Nights n’est que calme et volupté.

Le luxe, lui, est alentour. Mais il est spartiate. Le groupe s’est réduit à un trio assez orienté rock, avec la batterie d’Arnaud Biscay qui continue à faire chauffer un groove torride, notamment sur « Aegean Nights », lorsque Jean-Philippe Carlot vient de nouveau poser ses mots sur une musique toute tournée vers un univers onirique. Car il y a également des invités sur ce disque très personnel du bassiste. C’est ainsi qu’on retrouve la trompette héliotrope d’Andreas Polyzogopoulos qu’on avait déjà entendu chez Buronfosse ou avec Srdjan Ivanovic sur le très atmosphérique « Monastiri’s Night ». Les nuits sont douces, la nuit est belle, et dans ses interstices et ses ombres, la musique de ÆGN vient nous en délivrer toute sa chaleur.

Plus électronique que le précédent album - un choix d’abord au service d’une étrangeté revendiquée (les cloches effleurées dans « Appolonia’s Night » ou la soudaine apparition d’un sample léger de Marvin Gaye dans « Migrant’s Night » comme une subtile immixtion de la réalité) - Aegean Nights est un disque très personnel de Marc Buronfosse, à la fois d’un calme olympien et plein d’un besoin d’ailleurs et d’horizon qui se ressent comme un vrai manque. Un disque idéal et serein pour pallier à bon nombre de nos frustrations actuelles…