Chronique

Gueorgui Kornazov Horizons Quintet

The Budapest Concert

Gueorgui Kornazov (tb), Emile Parisien (ss, ts), Manu Codjia (g), Marc Buronfosse (b), Karl Jannuska (dms)

Label / Distribution : BMC Records

Depuis plusieurs années, le tromboniste bulgare Gueorgui Kornazov promène son quintet Horizons sous toutes les latitudes. Bien connu en France, où on le découvre - au début de l’aventure Yolk - dans l’OLH acoustic de Geoffroy Tamisier en 2001, il a longtemps été le comparse d’Henri Texier au sein du Strada Sextet, aux côtés notamment du guitariste Manu Codjia, pilier originel d’Horizons ; on peut reconnaître d’ailleurs dans « Na Toni », ouverture de ce Budapest Concert, des traces d’une existence commune au sein des orchestres de Texier par la profusion de couleurs et l’équilibre d’un quintet ou brille une paire rythmique composé du contrebassiste Marc Buronfosse et l’élégant batteur Karl Jannuska. Dans l’écriture simple et percutante de Kornazov, qui interpelle la tradition balkanique sans jamais s’y enfermer, Codjia se fait sculpteur de nuances atmosphériques (le duveteux « Childrens’ Songs »).

Sorti sur le label Budapest Music Center, et bénéficiant donc du savoir-faire hongrois dans la chaleureuse captation de ce concert [Enregistré en 2011 au BMC Jazzforum Budapest Festival.]], The Budapest Concert est le second album de l’orchestre après Viara (2008). Il est chronologiquement antérieur à Sila [1], où la trompette de Tamisier venait ajouter une voix au quintet. « Veronique », longue plongée au cœur du répertoire ancien d’Horizons, permet une discussion lumineuse entre les musiciens. Le jeu choral et extrêmement soudé de Kornazov avec le saxophoniste Emile Parisien fait face à une guitare impétueuse, mais jamais en rupture. Ce qui frappe dans cette première partie d’album, c’est l’unité indéfectible du groupe et la fluidité avec laquelle les musiciens s’approprient les thèmes, à commencer par Kornazov lui-même, dont l’impeccable technique sert le propos collectif sans tourner à la démonstration.

La seconde partie consiste en une « Budapest Suite » qui renvoie d’emblée à la dimension narrative qui faisait la force de Sila. Elle a la langueur nostalgique de cette capitale d’Empire déchu, entre est et ouest, campée sur le Danube. Sur « Pleveli » (« mauvaises herbes »), une douce tournerie passe d’instrument en instrument pendant que Buronfosse et Codjia devisent. Le fil rouge de la suite se durcit lorsque Parisien dresse une opposition tranchante à la guitare saturée sur « Balkan Spirit », et ce jusqu’au puissant « Feux » et ses allures fanfaronnes. Certainement le témoignage le plus abouti de ce très bel orchestre.

par Franpi Barriaux // Publié le 15 décembre 2014

[1Autoproduit par le tromboniste, 2013.