Alban Darche Stringed
L’horloge
Alban Darche (ts, comp), Fred Chiffoleau (b), David Chevallier (g), Marie-Violaine Cadoret (vln), Marian Iacob Maciuca (vln), Loïc Massot (vla), François Girard (cello)
Label / Distribution : Cristal Records
Après le Cube, le Gros Cube, l’OrphiCube et avant Pacific [1], son nouvel ensemble, Alban Darche revient en Stringed. Il avait déjà expérimenté cette formule (un trio identifié jazz augmenté d’un quatuor à cordes) il y a une dizaine d’années en compagnie du contrebassiste Sébastien Boisseau, du guitariste Gábor Gadó et du RTQ String Quartet, un quatuor hongrois [2]. Sur L’horloge, ce sont Fred Chiffoleau, compagnon de longue date d’Alban Darche, et David Chevallier, guitariste multi-carte qui l’entourent, ainsi que Marie-Violaine Cadoret (violoniste de l’OrphiCube), Marian Iacob Maciuca, Loïc Massot et François Girard qui forment, pour l’occasion, le quatuor à cordes.
Passée une première écoute un peu sèche, on est totalement pris dans l’univers de ce disque. Darche y réaffirme son goût pour les musiques de danse, comme sur le langoureux et nostalgique « Tango Vieillot », ou le facétieux « Foxtrot » où il livre un beau solo, appuyé par toute la section de cordes. Sur « Polka », le groupe brouille les pistes et mélange les genres avec beaucoup d’humour (violon larmoyant, guitare bluesy, saxophone rollinsien, effets de cordes divers et variés, le tout soutenu par la pulsation de la contrebasse). « Quatuor la Loi », pièce en trois mouvements, est une ancienne composition d’Alban Darche, déjà présente sur le premier Stringed. C’est le thème central de l’album. Configurations diverses (trio, quatuor seul, quatuor et guitare, orchestre entier), changement de rythmes, clins d’œil, jeux sur les timbres et les couleurs… le morceau est le reflet du travail de Darche et des conceptions musicales à l’œuvre ici.
On salue ses talents de compositeur et d’arrangeur tout au long de ces dix morceaux. Original, élégant, drôle, parfois érudit, il propose une musique sans concession qui convoque aussi bien la littérature du jazz que les musiques populaires européennes ou la musique savante du XXe. Il s’affirme encore davantage comme chef d’orchestre à même de fédérer les énergies autour de lui et de ses projets. Un peu à la manière d’un John Zorn, certaines pièces faisant d’ailleurs penser par instant au Masada String Trio.
On en oublierait presque d’évoquer le saxophoniste. Il domine pourtant l’album de son ombre bienveillante. Chacune de ses interventions fait valoir son sens mélodique, sa science du placement et le son ample, rond et chaleureux qui le caractérise. L’entente avec Chevallier et Chiffoleau dans les parties en trio (« Sésame ») mériterait à elle seule un album. À bon entendeur…
L’album se clôt, avec « Choral de Noël », sur une note tendre et mélancolique qui laisse l’auditeur en suspens. Les fâcheux se demanderont si c’est encore du jazz. Pas nous.