Chronique

Sylvain Cathala Quintet

Poetry of Storms

Sylvain Cathala (ts), Olivier Laisney (tp), Benjamin Moussay (p), Frédéric Chiffoleau (cb), Maxime Zampieri (dms)

Label / Distribution : Le Triton

Sylvain Cathala réduit la voilure. Deux ans après Cullinan, sa dernière production en septet, le voici de retour avec un quintet plus mobile et de haute tenue. Entouré par une équipe partiellement renouvelée - mais le pianiste Benjamin Moussay est toujours de la partie -, de nouvelles personnalités viennent enrichir son univers. Olivier Laisney, Frédéric Chiffoleau et Maxime Zampieri complètent cette équipe qui se joue des compositions du saxophoniste avec élégance et souplesse.

On retrouve, en effet, ce qui est désormais la voix affirmée de ce compositeur. L’écriture, soignée sans verser dans le maniérisme, est sophistiquée et les couleurs en clair-obscur laissent entrevoir une poésie nocturne et urbaine. La précision du détail, la maîtrise du propos habilement déroulé, en font des valeurs déjà notables dans les précédentes productions.

Ici pourtant, une étape est franchie, ou plutôt, une nouvelle orientation donnée. Sans rien perdre de ces choix esthétiques, Sylvain Cathala se positionne sur un mode plus relâché, à l’intersection exacte entre sa pratique du trio et celle du septet. Sous la forme canonique de la configuration jazz (deux soufflants, un piano et une rythmique), il se laisse aller à des divagations atmosphériques dans lesquelles les identités sonores jouent un rôle particulier. La contrebasse profonde de Chiffoleau chante sur un groove louvoyant tenu par un Zampieri rarement aussi swinguant, et le clavier de Moussay injecte des précipités harmoniques dans une solution chimique qui aiguise les sens.

De fait, les soufflants, idéalement complémentaires, offrent à l’ensemble la chaleur de leur timbre et l’intelligence de leur propos. Rien d’excentrique ici, puisque tout reste dans le centre. Plutôt une musique concentrique dans le sens où elle se concentre pour donner l’expression la plus pure d’une musicalité qui s’assume pleinement. Sylvain Cathala ne fait pas le choix du relâchement, plutôt celui d’une épure décontractée.