Chronique

Asynchrone

Plastic Bamboo

Delphine Joussein (fl), Hugues Mayot (ts, clb), Manuel Peskine (p), Clément Petit (cello), Frédéric Soulard (synth, drum machines), Vincent Taeger (dms)

Label / Distribution : No Format !

Nous avions découvert le sextet Asynchrone lors de l’édition 2022 du festival Jazz à la Villette. Le groupe venait de publier Kling Klang, un prometteur EP inspiré du légendaire Ryuichi Sakamoto, et étrennait alors ses toutes nouvelles compositions en concert. Un an plus tard (Plastic Bamboo est sorti chez No Format ! en septembre dernier), c’est donc à la découverte d’un « vrai » premier album que nous invitent les six membres d’Asynchrone : la flûtiste Delphine Joussein, le saxophoniste Hugues Mayot, le batteur Vincent Taeger, le pianiste Manuel Peskine et les deux têtes pensantes du groupe, le violoncelliste Clément Petit et le claviériste Frédéric Soulard. Tous deux ont imaginé et arrangé ce projet davantage comme un hommage, en s’appropriant l’univers du compositeur japonais à travers l’esprit de sa musique, plutôt que comme une relecture trop scolaire, à la manière de standards de jazz, de ses compositions.

Asynchrone réussit à s’approprier les structures répétitives, presque mécaniques, de Sakamoto en y insufflant une énergie folle et un groove entêtant ; montées extatiques, basses chantantes, claviers bien tempérés, batterie métronomique (formidable Vincent Taeger), soufflants en apesanteur (mention spéciale à Hugues Mayot, toujours d’une grande justesse et d’un lyrisme incomparable) sont les ingrédients de la sauce Asynchrone. L’album, dense et abouti, se révèle toutefois quelque peu déséquilibré. Si de nombreux morceaux, que l’on réécoute avec un énorme plaisir (« Plastic Bamboo », « Expecting Rivers », « Behind The Mask », « Riot In Lagos » ainsi que « Thatness and Thereness » et « Once In a Lifetime », titres chantés en chœur, un peu à la manière de l’hommage à Sun Ra de Thomas de Pourquery) marquent durablement l’esprit , d’autres sont moins un peu moins convaincants, notamment quand la mélodie est moins lisible et que les parties électroniques prennent le dessus. Mais ne boudons pas notre plaisir : Plastic Bamboo est un album très attachant qui mérite toute notre attention. À voir en concert, assurément.

par Julien Aunos // Publié le 17 mars 2024
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