Scènes

Autour de Minuit sur Saint Louis

C’était fin avril, pendant le Festival international de jazz de Saint Louis au Sénégal.


African Jazz Roots par Vincent Grégoire

Fondé en 1993 il fêtait cette année sa 26e édition. Un grand pari porté à bout de bras et avec rarement les moyens, par des équipes qui se sont alternées et des partenaires de plus en plus nombreux et choyés. Des partenaires qui se saisissent de cet événement pour proposer au même moment d’autres rendez-vous. Parmi eux et fidèle au poste, l’Institut français de Saint-Louis situé au bout de l’île.

Comme un rappel au film, de Tavernier cette année, il avait invité sous la bannière « Autour de minuit » l’African Jazz Roots. Durant quatre soirées, du 27 au 30 avril, s’est produit le groupe initié par le batteur Simon Goubert et un des maîtres de la Kora et chanteur sénégalais Ablaye Cissoko, avec Sophia Domancich au clavier et Jean-Philippe Viret à la contrebasse.

Autour de Minuit à Saint-Louis. Photo Vincent Grégoire

Pendant cette période c’était drôle de croiser, la nuit largement tombée et à 1000 lieux de Paris, Simon Goubert ou Jean-Philippe Viret pressés d’aller faire la balance .
Le principe de « Autour de minuit » était de caler le concert à la fin du dernier de celui du festival. Un démarrage aléatoire de la soirée a fait que l’African Jazz Roots commençait plus ou moins à l’heure d’une jam avec une expression de plaisir d’être ensemble évidente. Dans le jardin, face à la scène le public constitué d’expats, de personnes de passage en route pour Dakar et sa Biennale et d’habitants de Saint Louis était vraiment intergénérationnel.
Le répertoire était celui que le groupe avait enregistré augmenté de trois morceaux traditionnels sénégalais. Pas une seule fois la symbiose entre les musiciens ne s’est démentie, y compris lorsque de jeunes artistes locaux - rappeurs pour la plupart - ont saisi un micro pour en faire partie. Très vite un vieil homme à la chéchia s’est mis à danser devant la scène, les bras ouverts, le sourire édenté aux lèvres, rejoint par trois jolies jeunes filles encouragés par le public. Un des moments magiques du concert.

D’autres ont aussi laissés le public pantois. En particulier lors de chaque solo du flûtiste peul Ousmane Bâ mêlant ses chants aux sons de sa flûte ou encore lorsque Ibrahima Ndir frappait ses calebasses de couleurs chatoyantes. Dans ce jardin la nuit était longue et c’est là que l’universalité de la musique prenait toute sa place.

par Monic Feldstein // Publié le 10 juin 2018
P.-S. :

African Jazz Roots
Avec Simon Goubert (batterie), Ablaye Cissoko (kora), Sophia Domancich (piano), Jean-Philippe Viret (contrebasse), Djiby Diabaté (balafon), Ibrahima Ndir (calebasses), Jacob Mengaro Coulbary (guitare) et Ousmane Bâ (flûte peuhl).