Chronique

Simon Goubert, Ablaye Cissoko & African Jazz Roots

Au loin

Simon Goubert (dm), Ablaye Cissoko (kora, voc), Sophia Domancich (p), Jean-Philippe Viret (b)

Label / Distribution : Les forces en présence / Ma Case

Presque six ans après un premier album enthousiasmant, le groupe African Jazz Roots, cornaqué par les duettistes Simon Goubert et Ablaye Cissoko, nous revient avec Au loin. Le casting s’est resserré autour du batteur et du joueur de kora. Les instruments du folklore mandingue (flûte peuhl, tambour sabar) font place au piano de Sophia Domancich, complice de toujours de Simon Goubert, notamment au sein du trio DAG qu’ils formaient avec le grand contrebassiste Jean-Jacques Avenel, décédé en 2014 et qui nous manque terriblement.

L’album a été enregistré en public au Studio de l’Ermitage sur des compositions originales envoûtantes de chacun des musiciens (dont la moitié pour Simon Goubert). L’atmosphère semble détendue, le plaisir de jouer ensemble communicatif. Les morceaux se développent sur un temps long (autour d’une dizaine de minutes), ce qui laisse à chaque musicien le loisir de développer ses idées. Et des idées, ils n’en manquent pas. Que ce soit dans le drumming bondissant de Goubert, la profondeur de la contrebasse de Jean-Philippe Viret, le lyrisme de Sophia Domancich ou l’énergie virtuose d’Ablaye Cissoko, la musique vibre, vous enivre, s’immisce en vous tel un poison pour vous guider vers une transe démoniaque.

Plusieurs moments forts parsèment l’album : « Sur le pont Faidherbe », composition de Simon Goubert qui ouvre l’album, hymne magnétique dans le plus pur esprit de John Coltrane ; les passages en trio Domancich / Viret / Goubert dans lesquels la pianiste impose son sens du rythme et sa sensibilité à fleur de peau ; la magnifique conversation entre la contrebasse de Jean-Philippe Viret et la kora d’Ablaye Cissoko sur « Saint Awawa » ou bien encore le titre final, « Ybalang - Tingoung » qui laisse le public euphorique et exsangue.

Au loin est un disque touchant et généreux, véritable plaidoyer pour le partage et le dialogue entre les cultures. Un disque qui réchauffe les âmes et qui nous aidera sans aucun doute à passer l’hiver plus sereinement.

par Julien Aunos // Publié le 10 décembre 2017
P.-S. :

Cerise sur le gâteau, les photos de pochette sont de notre camarade citoyen Fabrice Journo, ce qui ne gâche rien.