Silva / Oki / Comte / Sato
Célébration
Alan Silva (cla), Itaru Oki (tp), Richard Comte (g), Makoto Sato (dms)
Label / Distribution : Nunc.
Il y a toujours un mystère Alan Silva, comme un silence qui s’installe, puissant et impénétrable, lorsqu’il s’approche de ses synthétiseurs aux sons qui lui vont à lui seul. Cette étrangeté, on ne peut pas dire qu’il la cultive : la friche est comme les jardins à l’anglaise, faussement sauvage. Silva joue du silence, c’est sa manière d’être aux autres ; à ceux qui révèrent son histoire majoritairement. À ceux qui jouent avec lui essentiellement. Ça va souvent de pair. Un jour, Alan Silva a eu 80 ans. Cette Célébration, il l’a vécue au milieu des siens, des fidèles qui savent bâtir autour de cette aura de silence.
En trois parties et sur le beau label nunc., c’est à cette Célébration que nous sommes conviés. Très vite, on se rend compte qu’Alan Silva est dans son monde. C’est en orbite que cela s’agite, poussé par le moteur si puissant et si élégant de la batterie de Makoto Sato. On retrouve avec une sincère émotion la trompette à fleur de peau du regretté Itaru Oki, ce soir-là plus incandescent que jamais lorsqu’il flirte avec les tambours de son compatriote. Le dernier larron est le patron du label, le guitariste Richard Comte qui vient ancrer cette fête d’anniversaire dans un état solide, le propos errant parfois dans des limbes impalpables. Son électricité est une rocaille solide, tranchante, remuant toutes les particules possibles. Sato s’en accommode, impassible. Le batteur fait face, accélère le rythme, laisse la trompette s’immiscer, faire face à la vague. Alan Silva, lui, suit sa propre révolution. Comme tous les alignements de planètes, il arrive que l’éclipse joue sur le climat général.
Au regard du line-up, on pourrait s’étonner de ne pas voir Julien Palomo traîner dans les parages : le disque aurait eu toute sa place sur le regretté label Improvising Beings et Palomo est vivement remercié pour l’avoir rendu possible. Pour tout dire, nous pouvons le remercier aussi, parce qu’il a tant contribué à la magie de la doublette Sato/Oki qui opère ici, mais aussi à la totale liberté dont jouit Alan Silva ici et ailleurs. Une liberté qui habite cette légende naturellement, sans même la réclamer : c’est le propre des corps célestes que de briller sans même avoir à y penser.