Chronique

Christoph Erstbösser

Vive les Etrangers

Christoph Erbstösser (p), Jos Machtels (b), Dré Pallemaerts (d)

Label / Distribution : De Werf

« Vive les Etrangers » est un titre qui fait du bien par les temps qui courent. Dans cet album, Christoph Erbstösser, pianiste allemand basé à Anvers, teinte son jazz de l’expérience de ses voyages en Afrique.

Cette combinaison atteint peut-être son sommet dès le premier morceau, « Wonderland », une composition personnelle. Sur une base rythmique à consonance africaine, Erstbösser joue une magnifique mélodie élégiaque, le tout semblant évoquer l’émerveillement de la découverte d’un nouveau continent. Le morceau-titre prolonge de la manière la plus évidente le métissage africain avec les rythmes de Dré Pallemaerts se basant sur des claves, tandis que les parties mélodiques et harmoniques lorgnent plus vers une pop/soul/funk. « Vive les Etrangers » arrive à dégager une certaine puissance grâce à la main gauche simple et lourde d’Erstbösser et au dynamisme de Pallemaerts.

Les quatre autres compositions d’Erstbösser vont des ballades « African Blues for D.E. » (bluesy) et « Kate’s Song » (tendre) à des « Tambour » et « See You Tomorrow » plus funky. Sur « See You Tomorrow » Erstbösser arrive à tirer de son piano un son plus charnu qui le fait ressembler un peu à un clavier.

Des cinq standards qui complètent l’album, je signale d’abord le moins réussi, « Bye Ya » de Monk, où le piano trop lissé est contrebalancé par une batterie merveilleusement dynamique et swinguante, une description qui pourrait s’appliquer à presque toutes les prestations du batteur. Mon standard préféré de l’album est le « A Flower is a Lovesome Thing » de Strayhorn, qui s’offre à une interprétation étirée, presque sans rythme et pleine de silences, rehaussé par le discours subtil de Jos Machtel. Machtel se montre d’ailleurs un accompagnateur libre et un soliste affûté tout au long de l’album.