Dead Jazz
Plays The Music Of The Grateful Dead
Lionel Belmondo (ts, ss, fl), Stéphane Belmondo (tp, flh), Éric Legnini (Rhodes), Laurent Fickelson (Rhodes, org), Thomas Bramerie (b), Dré Pallemaerts (dms)
Label / Distribution : Jazz&People
L’idée trottait dans la tête de Lionel Belmondo depuis un bout de temps. Lui, le passeur des musiques, capable d’unir dans son imaginaire coltranien les mondes intérieurs de Lili Boulanger, Gabriel Fauré, Milton Nascimento ou Yusef Lateef, rêvait de rendre hommage au Grateful Dead [1], groupe californien dont on sait l’importance aujourd’hui encore auprès d’un large public, près de 30 ans après la mort de son leader Jerry Garcia.
Grateful Dead, un pan de l’histoire de la musique américaine du XXe siècle ; ses folies psychédéliques ; ses concerts marathons où se mêlaient des influences multiples, du rock au blues, en passant par le folk ou le funk ; ses improvisations aux couleurs spatiales. Une équipe de musiciens venus d’horizons divers, dont le jazz, et que seule la mort semblait pouvoir séparer. Grateful Dead, c’est aussi l’interaction des guitares, celle de Jerry Garcia, cristalline et solaire, avec celle son partenaire rythmique Bob Weir. Et la magie des harmonies vocales.
Puisant dans le répertoire des dix premières années, Lionel Belmondo a tiré la substantifique moelle d’une musique portée par les textes de Robert Hunter. Un défi relevé haut la main par cette transfiguration instrumentale : Dead Jazz s’épanouit dans les paysages mélodiques de compositions telles que « Dark Star », « St. Stephen », « China Cat Sunflower » ou « Rosemary ». Il affronte le mystique « Blues For Allah » pour atteindre le sommet du disque. Et s’abandonne à une ballade émouvante, « Stella Blue ».
Dead Jazz se présente en collectif très en phase avec les intentions du saxophoniste. La trompette de Stéphane Belmondo, versatile jusqu’à l’utilisation d’un effet wah-wah, est le parfait substitut aux voix. Les claviers sont à la fête, poussés dans leurs éclats funk par Éric Legnini et Laurent Fickelson, dont l’orgue Farfisa, avec sa sonorité vintage, tend un fil entre passé et présent. La rythmique (Thomas Bramerie et Dré Pallemaerts) est un régal d’équilibre entre puissance et souplesse. Des ingrédients savamment combinés pour une célébration sans faute, au cœur de laquelle Lionel Belmondo fait montre, une fois encore, de l’étendue de son registre : puissance hendersonienne (« China Cat Sunflower ») et feu intérieur coltranien (« Dark Star ») au service d’un lyrisme qui embarque le groupe jusqu’aux rivages éthérés de « Rosemary ».
Une bonne connaissance du Grateful Dead peut s’avérer un plus indéniable pour savourer les qualités de ce disque. Mais Dead Jazz Plays The Music Of The Grateful Dead est en lui-même, au-delà de l’hommage, un moment de jubilation dont la luminosité et l’énergie devraient parler au cœur de beaucoup d’entre nous.