Chronique

Clair-Obscur

Thé Camomille

Marie Kruttli (p, comp), Otis Sandsjö (ts), Lukas Traxel (b), Domi Chansorn (dm)

Label / Distribution : QFTF

A Citizen Jazz, on est fan de Marie Kruttli. Depuis 2015, date de ses débuts discographiques en trio (Kartapousse) et en quintet (What Do I miss). Et ce n’est pas avec son nouvel et splendide album Thé Camomille que l’on va s’arrêter. La jeune pianiste suisse, installée à Berlin, y joue avec un nouveau groupe baptisé Clair Obscur : le fidèle Lukas Traxel à la contrebasse, le batteur Domi Chansorn et l’excellent saxophoniste suédois Otis Sandsjö. L’album a été enregistré en 2018 lors d’un concert au BeJazz Club de Bern.

Authentique, profonde, sensible, sophistiquée, lyrique, habitée, les qualificatifs ne manquent pas pour tenter de définir la musique de Marie Kruttli. Une musique en clair-obscur (comme le suggère le nom du groupe), qui souffle le chaud et le froid, tantôt douce et légère, tantôt sauvage et épique. Une musique alimentée par une rythmique impeccable (on connaissait déjà le talent de Lukas Traxel, que l’on avait entendu sur les autres albums de la pianiste ; on découvre ici celui de Domi Chansorn). Une musique qui doit beaucoup à l’association entre Otis Sandsjö et Marie Kruttli. Le son ample et massif du saxophoniste, ses tourneries extatiques et la façon qu’il a de jouer avec le tempo se combinent admirablement au piano puissant et subtil de Kruttli, à ses arabesques minimalistes et à son sens de l’espace. Un album qui, à n’en pas douter, fera date dans la carrière de cette jeune pianiste dont le trio s’apprête par ailleurs à sortir un nouvel album, The Kind of Happy One, chez les Allemands de QFTF.