Chronique

Courtois/Erdmann/Fincker

Bandes Originales

Vincent Courtois (cello), Daniel Erdmann (ts), Robin Fincker (ts, cl)

Label / Distribution : La Buissonne / Harmonia Mundi

Décidément, Vincent Courtois a trouvé, avec son trio à trois voix superposées et sensuellement croisées, qui jouent dans des registres et des timbres voisins, une formule qui convient à merveille à son écriture et à ses foisonnantes idées musicales. Comme Robin Fincker pratique aussi, et assez souvent, la clarinette, la richesse des sonorités ainsi associées est sans la moindre équivoque. Sans compter tout le reste !

Car la palette des rythmes et des thèmes de cette musique de films (la fiction est de partout et de toujours) se joue de toutes les occasions de séduire, depuis « Le Badinage » inspiré de Marin Marais (Alain Corneau) jusqu’au « Rayon Vert » (Rohmer) en passant par autant de moments suggérés par Nino Rota (Plein Soleil), Le Ballon Rouge, René Clair, Woody Allen et Steven Spielberg. Écoutez par exemple « Tarentelle Meurtrière », et laissez-vous emporter par la façon dont le trio (Daniel Erdmann, troisième complice) se joue de cette musique rebondissante, avant que ne surgisse ensuite le thème anxieux emprunté à Hiroshima Mon Amour, et son ostinato à répétition (dans le texte même, souvenez-vous !). Si vous n’avez rien compris à Vincent Courtois, je reprends…

Et le jazz ? Permanent, comme dans ces cinémas des années 50 où l’on pouvait rester tout un après-midi. Trois ténors, c’est quoi ? Pavarotti, Domingo et Carreras ? Ah non, pas ces trois caricatures (en scène, je précise). Trois ténors c’est l’orchestre de Woody Hermann (as et cl) en 1947 et sa fameuse section des Brothers : Stan Getz, Zoot Sims, Herbie Stewart. Et puis le baryton et les arrangements de Jimmy Giuffre ! Voilà la trouvaille. Imaginez Giuffre cuisinant à sa sauce des musiques de films, ou autres (le jazz se moque des thèmes à tics, ne se préoccupe que de la manière), et vous avez cette régalade du trio de Vincent Courtois, aujourd’hui, dans la pleine actualité d’une musique qui n’a rien perdu de son éclat, comme on ne le dit pas assez. Précipitez-vous, si ce n’est déjà fait. Et je rappelle pour conclure que Coleman Hawkins avait commencé par le violoncelle, avant de faire naître le saxophone ténor totalement enjazzé. Une histoire à la Mingus, quoi !