Scènes

Ensemble Art Sonic est Electromaniac

L’Ensemble Art Sonic était en résidence de création au Théâtre de Cornouailles pour Electromaniac.


Ludovic Le Bihan, Sylvain Rifflet et Adrian’ Bourget en plein réglage lumière

L’ensemble Art Sonic, co-dirigé par le saxophoniste Sylvain Rifflet et le flûtiste Joce Mienniel explore depuis plusieurs années les pièces et les étages de la maison musique. Cette fois-ci, c’est dans la pièce consacrée aux musiques électroniques qu’ils ont posé leurs cinq instruments.

Il faut avant tout rendre justice à la scène nationale de Quimper - le Théâtre de Cornouaille - et son nouveau directeur Vincent Léandri d’avoir offert une résidence de création à Sylvain Rifflet. Ce type de résidence prolongée - Sylvain Rifflet vient proposer plusieurs projets pendant trois ans - permet de réaliser tout le travail de création, répétition et mise en place de nouveaux répertoires. Sans ces initiatives essentielles, que trop peu de scènes proposent, c’en est terminé de la création.

Ensemble Art Sonic - Electromaniac © Jean-Jacques Banide

Alors Electromaniac est le dernier projet de l’Ensemble Art Sonic, ce quintette à vent que l’on suit depuis ses premiers pas. D’abord conçu comme un groupe léger, acoustique, qui peut se déplacer facilement (5 pupitres suffisent), les musicien.ne.s de l’ensemble ont élaboré des répertoires différents qui, parfois, demandent un peu plus qu’un pupitre. On se souvient de l’Orchestre Éphémère, avec le clavecin, le célesta, la harpe, le cristal Baschet, les percussions ou bien du Bal Perdu avec l’accordéon.

Ici, le projet qui consiste à explorer les musiques électroniques impose un dispositif sonore très contraignant.
Chacun des instruments à vent est capté, branché et les musicien.ne.s peuvent transformer le son en direct grâce à des effets (harmonisation, réverbération, boucles, etc.) tandis que derrière sa console, Adrian’ Bourget, comme un « cinquième Beatle », assure un autre traitement sonore de l’ensemble. De plus, qui dit musique électronique dit basses et rythme. C’est donc grâce à un dispositif supplémentaire, fait de pédales et de boites à rythme, que les musiciens assurent le boom-boom et le tsss-tsss si caractéristique de ces musiques. Tout est fait en direct, il n’y a rien de préenregistré. Aussi, il faut voir avec quelle concentration le groupe joue, s’écoute, se répond, martelant les rythmes avec les pieds, dansant sur scène dans une pantomime en ombres chinoises, éclairé de dos par des néons blancs verticaux.

Pendant les balances et les réglages lumières

Le groupe en résidence a également pu travailler le dispositif scénique, la lumière, autre élément essentiel du projet. Cette juste lumière, blanche et très géométrique, est signée Ludovic Le Bihan, un technicien attaché au Théâtre de Cornouaille. Le concert s’est joué dans la salle du Novomax gérée par Polarité(s) - partenaire de cette création - devant un public debout, ondulant et dodelinant de la tête sur les rythmiques binaires imperturbables et les chuintements mélodiques. Concernant le répertoire joué, outre quelques compositions de l’Ensemble, on retrouve entre autres des tubes d’Autechre, de Matmos et même de Bronski Beat.

La présence de Sylvain Rifflet à Quimper provoque aussi des rencontres et des échanges et sur l’un des morceaux, depuis la salle, cinq jeunes élèves du conservatoire de musique ont rajouté les sonorités cinglantes de leurs bombardes à celles, aériennes, d’Art Sonic. Il n’y a que les Bretons pour avoir les poils dressés en pareil cas.

Ce projet mérite toute l’attention des programmateur.trice.s car il combine tout le savoir-faire musical et instrumental d’un ensemble de très haut vol avec toute l’énergie brute et binaire parfaite pour les dance-floor, les soirées électro et toutes les scènes Jazz-mix tant appréciées des festivals.