Scènes

Les embruns de Jazz en Comminges

Retour sur l’édition 2024 de Jazz en Comminges


Ludivine Issambourg © Gérard Boisnel

Chaque printemps depuis vingt ans, impulsé par une équipe de bénévoles dont Pierre Jammes, fondateur et figure emblématique de ce festival, Jazz en Comminges est le grand événement musical du Sud-Ouest. Cette région des Pyrénées, sise entre l’agglomération toulousaine d’un côté et les embruns basques et béarnais de l’autre, se pare alors de ses vêtements jazz. 2024 n’a pas manqué à la règle.

Chaque année, la programmation de Jazz en Comminges est un bel équilibre entre des têtes d’affiche et des musiciens plus confidentiels mais toujours de grande qualité. Pour cette édition, tant Robin McKelle que Kyle Eastwood ont conquis le public. Reste que le clou du spectacle fut le concert, exceptionnel faut-il préciser, du trio de Brad Mehldau. Le pianiste américain y a offert une heure trente de concert durant laquelle on aurait entendu les mouches voler si elles-mêmes n’avaient été subjuguées par tant de beauté.

Ludivine Issambourg © Patrick Martineau

Tout a commencé avec About The Laws, le nouvel album de Ludivine Issambourg. Une première, avant même la sortie du disque. On sait l’énergie dont la flûtiste fait preuve, que ce soit sur ses projets « acoustiques » estampillés « Outlaws » ou dans des productions plus « électro ». Le concert fut à la hauteur de cette bourrasque musicale, au point qu’on se demandait comment son successeur, en l’occurrence Dhafer Youssef, allait s’en sortir. Il convainquit la salle lui aussi, même si on regretta qu’il boude un rappel insistant.

La soirée de clôture fut confiée à Kyle Eastwood qui venait présenter Eastwood by Eastwood, projet centré sur les musiques de films réalisés par son père, où on l’entendit pour une grande partie à la basse électrique. Mais avant lui, Virginie Daïdé jouait Moods, avec Nicolas Dri, Thomas Posner et Tony Rabeson. C’était une découverte pour le public. Et il faut rendre hommage à cette équipe organisatrice de promouvoir des musiciens en devenir.

Robin McKelle © Pierre Vignacq

Mais Jazz en Comminges, c’est aussi un off de très grande qualité. On trouvait ainsi le Fluffy Fox Trio avec notamment Étienne Manchon, La Pieuvre irréfutable, le quintet de Sandro Torsiello, Somesax qui avait invité l’accordéoniste Grégory Daltin ou encore le pianiste Thierry Ollé qui proposait un enrichissant concert conté autour de l’histoire du piano jazz.

Certes, le Cube, où se déroulent la plupart des concerts du off, n’est guère accueillant. Mais l’équipe du festival avait su améliorer grandement les choses par rapport aux années précédentes et la population locale avait ainsi accès gratuitement, et dans des conditions plus confortables, à une quinzaine de très bons groupes. On perçoit le souci d’intégrer le festival à la vie locale et de contribuer à démocratiser la musique. Et ce n’est pas rien.