Chronique

Hubert Dupont

Golan Al Joulan vol. 2

Hubert Dupont (b), Naïssam Jalal (fl), Ahmad Al Khatib (oud), Matthieu Donarier (cl), Zied Zouari (vln), Youssef Hbeisch (perc)

Label / Distribution : Ultrack

Hubert Dupont nous donne de nouveau rendez-vous sur le plateau du Golan, pour le second volet attendu de ce voyage d’agrément. On retrouve sans changement le même sextet que pour le premier album. Rien d’étonnant à cela, car le contrebassiste et ses amis n’ont pas bougé : ce deuxième disque est enregistré aux Musiques au Comptoir de Fontenay sous Bois, dans ce même mois d’octobre 2015 que pour le précédent. C’est donc une continuité ; une construction d’un seul tenant et d’un seul élan. Ceci explique en partie le naturel de la discussion immédiate entre Dupont et le violoniste Zied Zouari sur « Tusi », et la succession des voix qui s’éprennent de ce beau thème oriental. Le fidèle percussionniste Youssef Hbeisch, d’abord, impassible gardien des temps impairs, puis la flûtiste Naïssam Jalal et le joueur de oud Ahmad el Khatib avec un sens de l’ouverture qui colle si bien à Haïfa.

Joie de la passementerie, ce titre est en réalité la première partie d’une plage du volume 1. Promptement, on comprend la démarche de Dupont. Après avoir décrit de manière très topographique la ville, dans un équilibre fort subtil entre attachement documentaire et douceur contemplative, Ce Golan Al Joulan vol. 2 se veut plus complexe. Il se concentre sur l’âme des lieux et sa dramaturgie quotidienne. C’est le sens de « Accept The Changes » au thème plus écrit, où le violon de Zouari, la clarinette de Matthieu Donarier et le oud d’Al Katib se répondent : un morceau séparé en trois mouvements distincts où seules la contrebasse et les derboukas se tiennent sur une ligne immuable. Un trait d’union impalpable mais bien réel.

Ce second volet est décidément à hauteur d’homme. Si la pochette représente toujours un mur symbolique, une présence humaine s’incarne avec Hubert Dupont assis au premier plan. Les morceaux sont longs et aboutis aussi. Le sextet s’enfonce dans les villes et les villages, racontent des bribes d’histoires pleines d’humanité. Parfois, une certaine mélancolie surgit (« Furatain »), qui tranche avec la fougue des nuit d’Haïfa présentées auparavant. Le beau « Midday Promise » est néanmoins une touche d’allégresse qui clôt la visite sur une promesse : puisque l’épisode liminaire offrait une « Morning Promise », il est certain qu’il sera prochainement question de soir, voire d’après-midi. C’est le plaisir du temps qui passe.