Chronique

John Taylor, Palle Danielsson, Martin France

Close To Mars

John Taylor (p), Palle Danielsson (b), Martin France (d)

Label / Distribution : CamJazz/Harmonia Mundi

Le label CAM Jazz, qui enregistra fréquemment John Taylor durant sa dernière décennie nous fait un cadeau considérable en publiant Close To Mars, enregistré avec soin aux Bauer Studios de Ludwigsburg en 2006.
De nombreuses années ont passé depuis la disparition de John Taylor mais le temps n’a en rien effacé la perfection esthétique qu’avait développée ce prodigieux musicien. Sa musique empreinte d’un modernisme déconcertant ouvre les portes à de multiples expérimentations pour les jeunes pianistes contemporains. La sortie de Close To Mars ajoute un nouveau chapitre à son œuvre.

Où va-t-il chercher ces phrasés audacieux et comment réussit-il à nous captiver sans cesse ? John Taylor surprend en permanence tout au long de ces neuf compositions. Sa palette sonore nimbée de mystères étoffe « Obstinate », les notes délicates du piano y sont disséminées avec retenue. Palle Danielsson et Martin France, tous deux décédés en 2024, développent des phrasés suggestifs d’une prodigieuse clarté. Ce trio trace sa route avec une sagesse confondante loin de tout conformisme. « Summer (Phases) » et « Spring (Phases) » illustrent admirablement les recherches harmoniques inhabituelles du contrebassiste.

Les subtilités développées par la frappe du batteur confèrent une cohérence à « Oats », la dissolution des notes aboutit à une inventivité stupéfiante. Marque de fabrique du trio, la sensualité se répand avec sobriété dans « Ritual (Phases) » et de façon plus cadencée dans « Ever After » co-signé par le pianiste et son fidèle ami, Kenny Wheeler. La puissance émotionnelle demeure inflexible et fait rayonner les improvisations.

L’élévation spirituelle procurée par ce trio atteint un sommet de lyrisme absolu.