Chronique

Kasper Tranberg

Nobody’s Heart

Kasper Tranberg (tp), Nils Davidsen (b, cello), Frands Rifbjerg (d).

Label / Distribution : April Records

La configuration sans piano ou guitare n’est pas nouvelle. Reste que le trio sans instrument harmonique peut s’avérer plus rêche (et plus périlleux pour celui qui s’y plonge). Ici, on saisit dès les premières mesures de « Little Abi », qui ouvre l’album, que Kasper Tranberg y est extrêmement à l’aise. Sa trompette vogue avec beaucoup de classe en compagnie de la basse et de la batterie, occupées respectivement par Nils Davidsen et Frands Rifbjerg. Tout est très ralenti. Il n’y a pas de bavardages inutiles, pas de milliers de notes pour combler un vide et les phrases que le trompettiste offre d’un bout à l’autre de cet album tombent à pic.

Quant au répertoire, on croise des compositions d’Ornette Coleman, de Jimmy Garrison, de Paul Motian ou encore celle de Richard Rodgers dont le titre a donné son nom à l’album. Tout cela donne une couleur évidente à Nobody’s Heart et le trio s’inscrit dans cette tradition d’immenses musiciens de jazz. Ce qui est remarquable, c’est que les trois musiciens habitent chacun de ces titres avec leur sensibilité et sans dénaturer la composition originale. C’est là la marque d’un très beau disque.

par Gilles Gaujarengues // Publié le 11 juin 2023
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