Scènes

Elodie Pasquier au WHS Teatteri Union

Retour en quelques points sur les deux concerts qu’Élodie Pasquier a donnés à Helsinki dans le cadre du Jazz Connective #3


Elodie Pasquier par Maarit Kytöharju

La clarinettiste Elodie Pasquier a fait depuis quelques années sa place dans le jazz hexagonal. Son nom était notamment apparu avec OrTie, son duo avec Grégoire Gensse (hélas décédé en 2016). Son actualité musicale a heureusement continué et aujourd’hui on la trouve, en plus de « Danzas » de Jean-Marie Machado, à la tête du quintet Mona, en duo avec Gilles Coronado ou encore en solo. A Helsinki, dans le cadre du Jazz Connective #3, elle était programmée dans ces deux dernières configurations.

Le solo est un exercice physiquement éprouvant, selon Élodie Pasquier. Elle dit d’ailleurs que l’état de fatigue fait partie de sa prestation et que le moment d’épuisement signifie qu’elle arrive au bout du concert. Le public ne s’en rend pas compte. C’est un système dont rien ne transparaît. Pour preuve, dans le WHS Teatteri Union et bien que les lumières aient été rallumées, les spectateurs en redemandent. Il ne s’agit pas de frustration ou d’une faim non assouvie, seulement de rabiot.

Il faut dire que son solo est une belle suite de pièces, en l’occurrence trois, menées respectivement aux clarinettes si bémol, basse et mi bémol. Ce ne sont pas des phrases qui se succèdent pour dresser un récit. Pourtant il y en a, des phrases, fort belles au demeurant, à l’instar de l’incipit de la seconde pièce dédiée à sa mère, mais le solo est plutôt constitué de volutes, de « gimmicks » précise-t-elle, donnant une esthétique qu’on pourrait qualifier d’ambiance si le terme n’était pas associé à une musique au kilomètre et dépourvue de tout intérêt.

Elodie Pasquier et Gilles Coronado par Maarit Kytöharju

Son duo avec Gilles Coronado est plus rêche, plus dur, plus corrosif. Le son de la guitare y est pour quelque chose bien sûr, mais de cet arrachage de matière ils tirent un suc parfois savoureux à l’extrême. Ainsi de « T’as un p’tit coup de frais mais t’es quand même bien en place », une composition sur laquelle ces deux équilibristes tissent un ouvrage en dentelle. Leurs phrases louvoient, se trouvent, s’éloignent, se rapprochent, sont quelquefois à l’unisson et se fondent alors les unes dans les autres. Le jeu de Gilles Coronado est entièrement fait d’un note à note. C’est un « Chamber Music », dit-il, et on ne saurait mieux qualifier cette musique à la fois rebelle et intime.