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Edition du 23 avril 2024 // Citizenjazz.com / ISSN 2102-5487

Les dépêches

Katowice JazzArt Festival 2022

L’art contre la guerre

En temps de paix, le Katowice JazzArt est un festival de jazz et musiques improvisées qui fait partie du circuit européen ordinaire, où l’on se rend facilement (via Cracovie). Or depuis l’invasion meurtrière et psychopathe de l’Ukraine par l’armée de Vladimir Poutine, la ville de Katowice se trouve en première ligne pour l’accueil des réfugié.e.s.
La directrice artistique du festival JazzArt, Martyna van Nieuwland, nous écrit pour expliquer dans quelles conditions se tient le festival cette année.

"Depuis le tout début de la guerre, nous nous sommes engagés à aider et à soutenir, non seulement le Katowice JazzArt Festival, mais aussi tous les projets gérés par notre institution, la Katowice City of Gardens, une institution interdisciplinaire majeure et responsable du programme UNESCO Creative City of Music dans la région de Silésie, en Pologne.
La ville de Katowice est aujourd’hui confrontée à l’arrivée constante de personnes fuyant la guerre. En tant qu’institution culturelle publique, nous avons mis en place plusieurs moyens d’aide :
- 200 places ont été créées pour un hébergement temporaire dans nos galeries, nos salles et même nos couloirs - et ce besoin augmente de jour en jour (coordination par la cellule de crise de la voïvodie de Silésie).
- 3 artistes ukrainien.ne.s sont déjà en résidence, dont une famille de 5 personnes : le saxophoniste et professeur de musique Kiril Revkov, sa femme Anna (flûtiste) et leurs 3 jeunes enfants.
- Des campagnes de collecte de fonds ont été organisées avant le Festival JazzArt et les initiatives des groupes locaux liés à JazzArt) et une collecte de fonds et de fournitures est en cours dans l’institution.
- Des ateliers quotidiens pour les enfants ukrainiens résidant dans notre bâtiment dans le cadre de nos projets éducatifs habituels comme Muzykodrom ou FUTURE ARTIST.

Nous sommes conscients que ce n’est qu’un début, c’est pourquoi nous recherchons des opportunités supplémentaires pour les artistes ukrainien.ne.s - écrivain.e.s, musicien.ne.s, chorégraphes - dans toute l’Europe. Nous coopérons avec le réseau Europe Jazz Network (dont Katowice JazzArt Festival est membre) et l’Institut ukrainien pour l’action européenne afin de fournir aux musiciens un espace sûr et un soutien financier.
En même temps, nous coordonnons la venue de deux poètes ukrainiens en coopération avec Lviv, ville UNESCO de la littérature, pour le début du JazzArt le 26 avril
".

Dans ces conditions, le festival invite Citizen Jazz à venir rendre compte, non seulement des concerts comme c’est l’usage, mais aussi de la situation humanitaire engendrée par cette guerre. Une invitation très politique à laquelle nous tâcherons de répondre au mieux.

En ce qui concerne le programme, voici le déroulé.

Une soirée de pré-festival se déroule dans la petite salle Chamber Hall du NOSPR, la grande institution de l’orchestre national de la radio polonaise, à Katowice. Un lieu emblématique des concerts de classique et de jazz en Pologne. On y entendra (15 jours après le concert de Jamie Branch dans la même salle), le 19 avril le quartet de la harpiste suisse Julie Campiche.

Puis, à partir du 26 avril, le festival Katowice JazzArts présente une petite dizaine de propositions artistiques européennes de grande qualité, qui représentent une certaine idée de la modernité et de l’improvisation, celle qui cherche à aller de l’avant.

Le 26 avril, la pianiste ukrainienne Katherine Zyabluk et sa collègue polonaise Natalia Kordiak proposent un programme dédié à la poétesse, autrice et féministe Lessia Oukraïnka/Леся Українка (1871-1913) qui sera suivi d’une discussion avec la poétesse de Lviv Julia Musakovska.

Le 28 avril, le groupe français en tournée Jazz Migration ouvre la soirée. Suzanne est le trio qui regroupe Maëlle Desbrosses (Alto, voix), Pierre Tereygeol (Guitare, voix) et Hélène Duret (Clarinettes, voix) avant l’intervention radicale « Progrom » du compositeur Waclaw Zimpel et chanteur punk, amateur de spoken word Alex Freiheit.

Le 29 avril, la soirée tourne plus ou moins autour de la trompettiste portugaise Susana Santos Silva, d’abord en duo avec le contrebassiste suédois Torbjörn Zetterberg, puis avec son ensemble portugais Impermanence, qui comprend João Pedro Brandão (alto sax/ flûte), Hugo Raro (piano), Torbjörn Zetterberg (contrebasse) et Marcos Cavaleiro (batterie). Enfin, la soirée se termine avec Alfons Slik, un duo atypique de la scène de Copenhague, avec Grzegorz Tarwid (piano, voix) et Szymon Gąsiorek (batterie, voix).

Le 30 avril, c’est le big-band pan-scandinave Large Unit de Paal Nilssen Love qui ouvre la dernière soirée avec un effectif rugissant : Niklas Barnö (SE) - trompette ; Mats Äleklint (SE) - trombone ; Kristoffer Alberts (NO) – ténor et alto sax ; Julie Kjær (DK) – alto sax et flûte ; Hanne De Backer (BE) – bariton sax ; Per Åke Holmlander (SE) – tuba ; Kalle Moberg (NO) - accordéon ; Terrie Ex (NL) - guitare électrique ; Tommi Keranen (FI) – électronique ; Ingebrigt Håker Flaten (NO) – contrebasse et basse ; Christian Meaas Svendsen (NO) – contrebasse et basse ; Andreas Wildhagen (NO) – batterie & percussions ; Paal Nilssen-Love (NO) – batterie & percussions ; Celio DeCarvalho (BR) - percussions.
La soirée et le festival se clôturent avec Jędrzej Siwek "La Mer” un projet de réécriture électro de la partition de Claude Debussy, pour se quitter en douceur.

Une édition peu banale avec de nombreux.ses musicien.ne.s européen.ne.s qui figurent déjà parmi les précédentes UNE du magazine. Une direction artistique très compatible avec notre ligne éditoriale donc.