Chronique

Leïla Duclos

Fille du feu

Leïla Duclos (voc, g), Leandro Aconcha (p), Jean-My Truong (dm), Claude Mouton (b, RIP)

Label / Distribution : Continuo Jazz

Par la moustache de Django ! Voilà qu’une donzelle ose essayer de se faire un nom dans le mâle univers du swing manouche. Leïla Duclos, fille d’un guitariste renommé du côté des Puces de Saint-Ouen, adoubée entre autres par le maestro Raphaël Faÿs, entremêle respect des standards éprouvés, sur lesquels elle peut scatter à qui mieux mieux - même sur l’inusable « Douce ambiance » -, et inclinations pour la chanson française. C’est une recette éprouvée qui peut lui garantir un certain succès public, comme à certain « fils de… » - en toute politesse.
Elle a une voix particulière, plutôt diaphane, lorsqu’elle chante en français, ce qui ne va pas sans semer un trouble bienvenu. Ses paroles débordent en effet de générosité canaille et la gouaille qui siérait au style n’est pas exactement au rendez-vous. La belle préfère tracer sa propre route, dans une sorte de nomadisme musical européen. Elle a su s’adjoindre les services d’une section de cuivres plus qu’efficiente, qui parfois donne à son jazz des accents balkaniques, et elle a convié un quatuor à cordes dont les parties ont été enregistrées à Budapest, dans une quête de dignité assumée. Quelques tentations latines sont également présentes, élargissant le spectre rythmique. Avec ce deuxième album, cette chanteuse et guitariste (ou le contraire) revigore le swing manouche en lorgnant par-delà ses frontières stylistiques et genrées.

par Laurent Dussutour // Publié le 23 octobre 2022
P.-S. :

Invités : Raphaël Faÿs (g), Ninine Garcia (g), Steeve Laffont (g), Costel Nistescu (vln), Pierre Bertrand (ts), Michel Feugère (tp), Denis Leloup (tb), Line Kruse (arrangements de cordes et de cuivres).