Chronique

Ludivine Issambourg

Above The Laws

Label / Distribution : Heavenly Sweetness

Retour à la station CTI. Cinq ans après Outlaws, et alors qu’elle avait montré avec Supernova l’envie de revenir à un son plus contemporain, la flûtiste Ludivine Issambourg revient à ses premières amours, avec Eric Legigni aux claviers et bien souvent à la production. Avec « Kickin’ Your Ass », la messe est dite : il s’agit de donner à danser et à réfléchir à l’héritage d’Hubert Laws, qui marqua de son empreinte la musique africaine-américaine des années 70 : Swaeli Mbappe fait ronfler une basse que le Rhodes engraisse : on a des images de pulp américains et de films de série B. L’efficacité est là et le son de Ludivine Issambourg toujours aussi juste et précis. « If You Knew », un des rares morceaux signés Laws est l’occasion de montrer son sens du groove en compagnie de Chassol, symbole d’une volonté de jouer une musique qui tangente la pop, comme le son CTI sut le faire. C’est le sujet d’« Angel Dust », poème et musique de Gil Scott Heron, chanté par Wolfgang Valbrun, symbole d’une soul music qui n’a rien concédé.

Le temps n’est plus bien sûr aux films du vendredi soir de la blaxploitation, mais il existe une appétence particulière à cette musique, et à l’évidence chez Issambourg, à la jouer. Bien entourée par une équipe solide (Yoann Serra à la batterie, Vincent Aubert au trombone), Above The Laws a tout de la gourmandise qu’on ne sait pas refuser : colorée, sucrée mais jamais indigeste. « New Morning », où elle invite le tromboniste passionné de funk Nils Landgren est à cette image : le morceau joue avec tous les codes de ce que fut le label CTI, des tintements lointains des claviers jusqu’au rythme central, puissant et à la rondeur parfaite qui tourne pour mieux servir les solistes. Il n’y a pas de surprises ; mais ce n’est pas ce qu’on attend.

La réussite du travail de Ludivine Issambourg, mais aussi d’Eric Legnini à la direction artistique est justement de ne pas se perdre en hommages et en nostalgie mal placée. Le matériel est là, il est référentiel, mais il est vivant par la volonté des musiciens de le faire sonner actuel. « Hop Scotch », morceau de Joe Chambers où la flûtiste invite Laurent de Wilde et Céline Bonacina en est la démonstration, notamment dans la guitare d’Amen Viana, le virtuose togolais. Ca tourne, C’est puissant et c’est efficace. Qu’attendre de plus ?

par Franpi Barriaux // Publié le 13 avril 2025
P.-S. :

Ludivine Issambourg (fl), Eric Legnini, Michael Lecoq, Laurent De Wilde, Alex Finkin, Christophe Chassol (cla), Swaeli Mbappe (b, cla), Yoann Serra, Octave Ducasse (dms), Alexandre Herichon (tp), Lucas St Cricq (as), Sylvain Fetis (ts), Vincent Aubert, Nils Landgren (tb), Céline Bonacina (bs), Amen Viana (g), Xavier Zolli (b), Wolfgang Valbrun (voc), Brian Jackson (voc, cla)