Chronique

Ludivine Issambourg & Antiloops

Supernova

Ludivine Issambourg (fl), Nicolas Derand (keyb), Timothée Robert (b), Julien Sérié (dms) + Théo Ceccaldi (vln), Ellinoa (voc), DJ Greem (turntable)

Label / Distribution : Loops Productions

En 2020, à l’occasion d’une interview autour d’Outlaws, son hommage à Hubert Laws, la flûtiste Ludivine Issambourg nous expliquait projeter un nouvel album de son quartet originel, Antiloops, comme une manière de prolonger ce chemin ouvert et plein de groove qu’elle est une des rares à emprunter avec talent dans l’Hexagone. Presque deux ans plus tard, c’est avec « Back to The Future » et son riff entêtant que s’ouvre Supernova, conservant cette esthétique rétrofuturiste et marquée par le mariage éphémère du jazz et de la funk des années 70 que nous avions déjà constaté dans Outlaws. Pas de navette spatiale sur la pochette ce coup-ci : la flûtiste a déjà colonisé le territoire. Avec le très efficace « Vénus », où brille le batteur Julien Sérié, également membre de Lightblazer, Issambourg renoue avec son goût pour l’électronique et la chaleur collective que procurent les invitations à la danse, mâtinée de ce qu’elle a construit dans son précédent album. Un retour à la maison, transformée par son voyage.

Entre deux, les autres membres d’Antiloops ont eux aussi ouvert grand leurs oreilles. Le bassiste Timothée Robert, notamment, a fait parler de lui avec Quarks, en compagnie d’Olivier Laisney et du fidèle claviériste Nicolas Derand qui fait depuis le début le bonheur d’Antiloops. Si Ludivine Issambourg est clairement à la manœuvre dans les choix de l’orchestre, les synthétiseurs en sont de talentueux maîtres d’œuvre. Avec « Elevation » et ses clins d’œil à quelques productions de Chess Records, Derand est l’architecte qui permet à la flûtiste d’agir en totale liberté, apportant un cadre à une base rythmique qui n’aime rien tant que déborder. Faire danser, à l’image de ce joyeux « Supernova » où Robert et Sérié s’en donnent à cœur joie.

On a découvert Ludivine Issambourg aux côtés de Wax Tailor ; beaucoup ont, à tort, trop longtemps considéré Antiloops comme un side project de cet univers musical dont elle s’est pourtant démarquée depuis longtemps, prenant une courbe tout à fait personnelle. Il est d’autant plus plaisant de la voir accoster à ces rivages le temps d’un « Tiger Space » en compagnie du violon de Théo Ceccaldi, avec lequel on sait qu’elle désirait collaborer. Le prélude à quelque chose de nouveau ? On le souhaite, tant ce morceau est riche. Les invités sont légion dans Supernova, donnant davantage encore d’épaisseur au propos : on ne sera pas surpris d’y retrouver DJ Greem, l’âme d’Hocus Pocus qui, outre sa participation à « Tiger Space », propose avec « Riviera » un des sommets de l’album, aux côtés du « Quiet Sunny Ice » porté par Ellinoa. Dans l’univers d’Antiloops, la chanteuse se sent comme chez elle. Elle se joue du cristal des claviers et de la rondeur de la flûte pour rappeler que Björk est un des totems de son large univers musical. Une frontière qui borde joliment l’univers de Ludivine Issambourg, dont la musique ne s’embarrasse pas non plus d’étiquettes étriquées. Un album idéal pour accompagner l’été, de ceux qui restent longtemps sur la platine, même passé l’automne.