Chronique

Alban Darche

Pacific

Alban Darche (saxes, composition), Geoffroy Tamisier (tp), Samuel Blaser (tb), Jozef Dumoulin (p, Fender Rhodes), Steve Argüelles (dm)

Label / Distribution : Pépin & plume

Quoi de plus naturel, si on y réfléchit bien, que d’entendre Alban Darche enregistrer un tel disque, inspiré selon ses propres mots par le travail de Gil Evans avec Miles Davis, de Paul Desmond, de Lee Konitz et de Lennie Tristano ? Lui, l’homme de la côte atlantique, nous offre avec Pacific son tribut à la musique West Coast, à ces musiciens qui l’ont influencé en tant qu’instrumentiste mais aussi et surtout en tant que compositeur et arrangeur.

Dès les premières secondes de « Birth Of The Coocool », tout ce qui fait de la réussite de ce disque est présent : somptueuses sonorités dans le pur esprit des grands maîtres révérés ici, renforcées par cette touche de modernité apportée par le Rhodes de Jozef Dumoulin qui, associé à Steve Argüelles, fait naître une tension qui porte la musique bien au-delà du simple hommage. Tout au long des morceaux qui composent la face A de Pacific – premier vinyle du label Pépin et Plume fondé par Darche -, on admire la science de l’arrangement subtil et de la concision du leader (la moitié des morceaux ne dépassent pas 4 minutes). La musique se fait légère, chaleureuse, remplie de détails passionnants que l’on découvre avec bonheur écoute après écoute. La signature de Darche se niche dans l’agencement des timbres, dans la richesse des idées qui se déploient tout au long de Pacific. Il est aussi un remarquable créateur d’ensemble. Ce n’est pas nouveau, on se souvient par exemple de son Trumpet Kingdom, de Stringed ou plus récemment de l’OrphiCube. Avec ce nouveau quintet, il est allé chercher les partenaires idéaux pour donner vie à ce projet : Geoffroy Tamisier en musicien solaire, Samuel Blaser à la sonorité magnifique et puissante, Dumoulin en poil à gratter et Argüelles en maître du temps.

La grande force de Pacific naît aussi du talent de Darche pour faire sonner son quintet comme un ensemble plus large, tirant profit au maximum de chacun des musiciens qu’il a choisi pour cette aventure afin de créer une œuvre d’une grande richesse. Et comme à son habitude, Darche prend un malin plaisir à saupoudrer quelques citations en forme de clins d’œil.

Sur les morceaux qui composent la face B, la musique prend quelque peu ses aises, laissant plus de liberté aux improvisations, comme un autre versant d’une même colline. La musique se dilate, Argüelles fait admirer son sens magistral de la ponctuation. Une autre respiration qui fait de Pacific une véritable réussite.