Matthieu Donarier - Les noces d’étain (fin)
Dernière partie de notre entretien avec Matthieu Donarier avant la sortie du disque de son trio, « Live Forms », chez Yolk le 12 octobre.
Dernière partie de notre entretien avec Matthieu Donarier avant la sortie du disque de son trio, « Live Forms », chez Yolk le 12 octobre.
- Quel regard portez-vous sur ces trois concerts et cette aventure ?
Pour ce qui est des concerts, je dirais qu’avoir pu s’installer deux jours entiers à Saint-Nazaire et à Angers nous a permis d’aller au bout de ce que je projetais. Nous avons finalement donné un concert par jour (par le biais de « portes ouvertes » intitulées « répétitions publiques » qui n’étaient en fait que des concerts masqués !), soit cinq concerts en tout, plus de longs moments de répétitions en matinée… bref, tout était là pour qu’on aille le plus loin possible. Quant à l’aventure, elle dure depuis dix ans, et contrairement à ces moments « hors du monde » que sont les enregistrements en studio, cet enregistrement-ci s’est déroulé à l’intérieur de notre réalité en tant que groupe : sur scène, pour des gens, sans aucune « réécoute ». La vraie vie, quoi !
- Comment sera constitué l’album : de pièces live uniquement ? Quelques pièces enregistrées dans les conditions du live mais sans public ? Utilisation de différentes prises pour la constitution d’un même morceau ?
Sur les onze pièces retenues, on trouve tous ces cas de figure. D’abord, tout est « live » dans le sens où aucune retouche n’est possible sur la musique enregistrée. En enregistrant sur scène, on ne peut en aucun cas éliminer un instrument, les micros sont tous dans la même pièce, c’est un moment que l’on capte. Ça, dans le jargon de la musique, c’est « du live ». Ensuite, chaque salle ayant son propre son, les montages de prises provenant de différents lieux étaient exclus. Au final, après des heures de réécoute et de sélection, tout l’album provient presque entièrement du dernier concert de la série [1], avec quelques aménagements sur les parties distinctes : l’introduction d’un morceau enregistrée quelques heures avant le concert contenant la meilleure prise de ce morceau sera évidemment retenue pour l’album.
- M. Donarier © P. Audoux/Vues sur Scènes
- On a senti que le concert de Saint-Nazaire était une sorte de repérage avec beaucoup d’essais et quelques moments de grâce, que celui de Nantes était une sorte de répétition générale, que celui d’Angers marquait un peu l’apogée. Quel est votre point de vue ?
C’est à peu près ça : Saint-Nazaire, mi-décembre, a marqué le début de l’aventure ; le concert au Pannonica [Nantes, un mois plus tard.]] nous a permis de prendre des risques supplémentaires avant de nous réinstaller pour deux jours à Angers et d’y enregistrer la quasi-totalité du disque. Tout a été indispensable.
- Après ces trois concerts, pensez-vous avoir atteint l’objectif affiché : restituer un portrait très proche de ce qu’est devenu ce trio depuis OpticTopic, notamment sur scène ?
Oui ! C’est ce que je voulais ; OpticTopic étant un album « de compositions » en studio, il a toujours été loin de la réalité de la vie du groupe : nous jouons des reprises depuis le début, certaines compositions anciennes n’avaient jamais figuré sur disque, etc. Pour une fois (car c’est rare, finalement), il y a adéquation entre l’album et la réalité scénique.
- Concernant le répertoire, on constate que George Brassens est très présent ! Pourquoi reprendre des chansons de tonton George ? Pourquoi celles-ci ?
Parce que ce sont mes standards à moi, au même titre que les chansons de Trenet ou Satie : j’ai grandi avec elles comme d’autres, outre-Atlantique, avec « My Man’s Gone Now » ou « Over The Rainbow ». De plus, Brassens donne à réfléchir. Sans la musique, il reste la poésie, et remplir les notes de tout cela a un sens. A quoi bon jouer des standards dont on ne connaît pas les paroles ?