Chronique

Nice Jazz Orchestra

Festival

Label / Distribution : Cristal Records

Il y avait le Paris Jazz Big Band, voici maintenant le Nice Jazz Orchestra ! Pierre Bertrand, qui avait su mettre sa science de l’arrangement, par une association fructueuse avec le trompettiste Nicolas Folmer, au service d’un big band dont Citizen Jazz saluait en son temps les prouesses à l’occasion d’un très consistant Big Live sous la forme d’un triple CD, s’est lancé en 2006 dans une autre aventure, cette fois à l’autre bout de la France, en unissant ses efforts et son talent à ceux de Christian Pachaudi et Alain Asplanato pour une direction artistique sous forme de triumvirat niçois.

Festival, premier disque d’une formation réunissant plus de vingt musiciens, invités compris, porte plutôt bien son nom. Il n’est pas question ici de prétendre révolutionner le jazz contemporain, mais plutôt de célébrer avec toute l’énergie festive, requise et salutaire dans une époque par trop grisâtre, un groove omniprésent dont les accents méditerranéens, voire latino-américains, ensoleillent une heure de musique juteuse comme un fruit bien mûr.

A l’évidence, le NJO joue la carte du plaisir communicatif ; aussi, c’est sans réticence qu’on se ralliera à sa cause, qui mêle ici standards éprouvés mais bénéficiant d’une saine relecture (« My Funny Valentine », « Caravan », « A Night In Tunisia », « The Cat » ou « Work Song »), compositions originales signées Pierre Bertrand, ou encore des thèmes empruntés à quelques camarades, tels que Jean-Pierre Como ou Julien Lourau.

Les solistes sont à la fête, on l’imagine volontiers, et viennent dynamiter l’ensemble en toute complicité explosive : impossible de les citer tous, mais outre Pierre Bertrand lui-même, on pense par exemple à Jean-Marc Baccarini au saxophone soprano rageur, Frédéric Viale à l’accordéon, Amaury Filliard à la guitare ou Frédéric D’Oelsnitz au piano. Par-dessus tout, Festival met en lumière le talent d’un grand monsieur récemment et trop vite disparu : le trompettiste François Chassagnite enlumine avec beaucoup de justesse un « My Funny Valentine » qui ouvre l’album et convoque dans un clin d’œil admiratif le Miles Davis de la fin des années 50.

C’est de la belle ouvrage, une musique ciselée avec amour et passion par des artistes qui portent haut l’idée du partage jubilatoire. Après Paris et Nice, on peut légitimement se demander quelle nouvelle ville ira investir Pierre Bertrand !


Personnel :

Jean-Christophe Di Costanzo (as), Ludovic Tallarico (as, ss), Jean-Marc Baccarini (ts), Benjamin Boutant (ts, bs), Frédéric Luzignant (tb), Francesco Castellani (tb), Alex Perdigon (tb), Bela Lorant (tb), Joël Chausse (tp), François Chassagnite (tp), Philippe Bleuez (tp), Philippe Giulli (tp), Tony Russo (tp), Nicolas Folmer (tp), Stéphane Chausse (cl, clb), Frédéric D’Oelsnitz (p), Amaury Filliard (g), Minino Garay (perc), Frédéric Viale (acc), Sashird Lao (chant), Christian Pachiaudi (b, elb, direction artistique), Alain Asplanato (dms, direction artistique), Pierre Bertrand (fl, sax, direction artistique).