Chronique

Nobi

Eloge de l’Envers

Fanny Ménégoz (fl), Gaspard José (vib, perc), Alexandre Perrot (b), Pierre Mangeard (dms)

Label / Distribution : Le Petit Label

Voilà plusieurs années que l’on croise le nom de Fanny Ménégoz au sein de diverses formations, que ce soit le Michelangelo quartet, l’Aquarium Orchestra (avec notamment Pierre Horckmans et Roberto Negro), le Surnatural Orchestra, la Fanfare XP de Magic Malik, Healing Orchestra de Paul Wacrenier ou tout récemment le projet Unklar de Nicolas Stephan. On a également pu la voir sur scène avec Big Four, lors de l’édition 2017 du festival Têtes de Jazz, à Avignon.

La voici désormais avec son projet Nobi, et un premier album Éloge de l’envers, paru sur Le Petit Label. Pour cette mise en musique de son univers, la musicienne s’accompagne de Gaspard José au vibraphone et percussions, d’Alexandre Perrot à la contrebasse et de Pierre Mangeard à la batterie. Une association d’instruments peu commune mais avisée, du sur-mesure pour ces sept compositions enjouées, subtiles et touchantes, toutes signées par la flûtiste.

« Derrière eux », le titre qui ouvre l’album, attire immédiatement l’attention par sa mélodie volatile et bariolée. La section rythmique fait valoir son interdépendance et soutient parfaitement la suavité des harmonies. Sur « La Parole de Babel » et son introduction ondulante, l’archet de la contrebasse se joint aux sonorités mystérieuses et feutrées de la flûte et du vibraphone, le tout face à une batterie qui se dresse pour répondre de plus en plus fort, jusqu’à insuffler un déchaînement de solos portés par un groove jamais essoufflé.

La suite de ce parcours aux motifs chamarrés se poursuit ainsi, nous berçant de surprise en surprise, jusqu’au final de « La Valse du chat perché qui avait le regard de travers », qui porte en elle l’héritage d’un blues à peine dissimulé. Chacun des titres de l’album déploie un univers très personnel, un foisonnement d’images aux reflets diaprés. Un effet dont a su s’emparer Yann Bagot - que les lectrices et les lecteurs de Citizen Jazz connaissent bien - en signant une pochette à la hauteur de la musique du quartet.

Les influences qui nourrissent Nobi sont larges, elles couvrent un horizon qui s’étend de la musique classique au jazz, en passant par la musique contemporaine. Le potentiel onirique de cet Éloge de l’envers est indéniable, et comme il est de coutume avec les rêves, les images qu’il suggère basculent et se renouvellent en permanence, dans un dédale de galeries aux tracés sibyllins. On s’y perd volontiers, c’est même recommandé.