Omri Ziegele Where’s Africa
That Hat
Omri Ziegele (as, nei, voc), Yves Theiler (cla), Dario Sisera (dms)
Label / Distribution : Intakt Records
Adepte d’une ligne mélodique claire et simple, le saxophoniste Omri Ziegele a toujours été influencé par l’Afrique ; témoin son trio Where’s Africa, stabilisé depuis 2018 avec le batteur Dario Sisera et le pianiste Yves Theiler, jeune pousse depuis longtemps dans les orchestres du zurichois. Avec Going South, précédent album, Ziegele interrogeait l’influence des musiciens sud-africains sur sa propre musique ; That Hat, nouvelle sortie chez Intakt Records propose en quelque sorte le voyage retour. Davantage une errance énergique qu’une ligne droite, d’ailleurs. Dès le bien nommé « Back Home », on comprend dans le clavier électrique de Theiler que la question géographique va moins compter que l’exubérance de la promenade. Alors que Ziegele s’empare d’une forme de simplicité insouciante, comme on sifflote, le pianiste et le batteur font chauffer un groove qui va servir de ligne directrice à une ballade qui ira des Carpates jusqu’à la côte Ouest chère à Les McCann.
Ce dernier personnage n’est pas une référence anodine ; clairement, la côte ouest des Etats-Unis est une influence majeure de That Hat. La raison en est certainement assez simple, et tient à l’importance d’Yves Theiler dans ce triangle très soudé, comme on l’entend dans « Sunflowerpower » où son jeu très compact et sa relation avec Dario Sisera constituent une base très solide. Depuis longtemps, le frère de Luca Sisera est une valeur sûre de la scène suisse, qui fait montre ici de son talent et de sa manière de briller sans jamais vraiment quitter l’ombre. « My Mother is Always in Time », course désordonnée entre Ziegele et son pianiste, est l’occasion pour le batteur de poser un cadre puissant mais jamais coercitif, avec beaucoup d’à-propos.
La question « Where’s Africa » est on ne peut plus brûlante dans le nouvel album du trio. La réponse, elle, tarde à venir. Elle n’est ni dans « Dying With the Wind » et son pas de deux dégingandé, ni dans la nervosité soudaine de « You Know, I Don’t Know, Nobody Knows », où l’incise des claviers pousse l’alto dans ses retranchements. L’Afrique est tout sauf anecdotique parmi les influences d’Omri Ziegele : elle est est présente en abondance, jusque dans « Carpathian Folk Song » qui indique sans nul doute une nouvelle direction, un nouveau terrain de jeu pour le trio. Le saxophone a été troqué contre un ney, et le travail de Dario Sisera a muté en quelque chose de plus coloriste et fantomatique. Cela indique clairement que le but de cet orchestre, c’est le chemin. Le voyage. Et qu’un crochet vers l’Europe Centrale n’est pas incongru lorsqu’on cherche des racines.