Scènes

Ouf ! Jazz en Comminges sauve l’honneur

Retour sur le concert du duo Terrasson/Belmondo et sur celui de Lisa Simone dans le cadre de Jazz en Comminges


Lisa Simone © Pierre Vignac

Le Covid étant passé par là, l’édition 2020, prévue en mai dernier, de Jazz en Comminges avait été annulée. Mais l’équipe du festival avait tout de même reporté une des soirées à l’automne. Elle a fichtrement bien fait.

Jazz en Comminges n’a pas sauvé son édition 2020. IL faut dire que le festival se déroule en mai et qu’en cette fin de printemps, on s’émancipait à peine des autorisations de sortie et du rayon d’un kilomètre comme frontière de l’univers. Alors un festival de musique… même pas la peine d’y penser.

Reste qu’en ces temps difficiles pour la culture - et le mot est encore très en-deçà de la réalité - il y a heureusement quelques initiatives courageuses et salvatrices. Que l’équipe de Pierre Jammes - patron et co-fondateur de Jazz en Comminges - ait fait le choix de reprogrammer en septembre deux des concerts prévus initialement au mois de mai en fait partie. Quand Lisa Simone précise qu’il s’agit de son second concert depuis la rentrée, cela en dit long sur la situation du monde musical aujourd’hui.

Lisa Simone © Lydiane Ferreri

Ce concert de soutien - entendons à la culture, aux musiciens, techniciens, au festival - avait pourtant démarré sous de mauvais auspices. Le duo entre Jacky Terrasson et Stéphane Belmondo était en effet concurrencé par le tambourinement obstiné de la pluie sur le toit d’un parc des expositions mal insonorisé. La pluie a heureusement perdu de son intensité et la musique a pu retrouver la configuration dans laquelle on la préfère : sans aucune concurrence.

Terrasson et Belmondo sont à l’aise, très à l’aise même au point qu’on ne perçoit chez eux aucune trace du confinement. Le concert est organisé quelquefois comme une course-poursuite entre les deux instruments - l’un répétant les phrases de l’autre - et systématiquement, ou presque, comme une succession de motifs organisés autour de thèmes célèbres : « Caravane » déconstruit et reconstruit, « La Chanson d’Hélène » sous forme de murmure ou encore le mélancolique « Que reste-il de nos amours ? », en plus de clins d’œil à Mission Impossible, Star Wars, La Marseillaise pour ne citer qu’eux.

Un changement de plateau après, c’est l’énergique Lisa Simone qui prend place et, là, c’est une toute autre histoire. Le concert est plus rock, plus tonique, plus détonant pour tout dire. D’ailleurs, Covid ou pas, le public termine debout, scandant, rythmant. C’est bien sûr pour signifier tout le plaisir de savourer la prestation de Lisa Simone. Mais il est fort probable que, inconsciemment, ces applaudissements faisaient un salvateur doigt d’honneur à ce fichu Covid.