Scènes

Sébastien Llado au Pannonica

Le tromboniste Sébastien Llado refait parler de lui. Chronique d’un concert nantais.


Après « Avec deux ailes », paru aux Disques de Lily en 2010 et unanimement salué, le tromboniste Sébastien Llado refait parler de lui, toujours à la tête de son quartet. Son passage à Paris lui a valu des critiques dithyrambiques.

Après « Avec deux ailes », paru aux Disques de Lily en 2010 et unanimement salué, le tromboniste Sébastien Llado refait parler de lui, toujours à la tête de son quartet. Son passage à Paris lui a valu des critiques dithyrambiques. Quand il monte sur la scène du Pannonica, la salle est comble ; Llado nous rappelle que lors de sa précédente prestation en ces lieux, il y a plusieurs années, le public n’était pas aussi nombreux. « Comme quoi, je progresse » lâche-t-il.

Sébastien Llado © H. Collon/Objectif Jazz

Son sourire et sa décontraction auraient tort de nous faire oublier que Llado est un grand technicien du trombone. Pour lui comme pour son quartet, le plaisir passe avant tout : celui de jouer ensemble ou de reprendre des mélodies pop, qu’elles soient signées Michael Jackson (« Billie Jean ») ou Brigitte Bardot (« La Madrague »), celui de croiser le chemin d’une jeune pousse prometteuse en partageant la scène avec 20SYL, le rappeur d’Hocus Pocus.

L’écoute attentive révèle le talent des musiciens : Leïla Olivesi est une superbe pianiste, aussi à l’aise dans l’accompagnement que lorsqu’elle se lance dans des solos à la construction riche et lumineuse. Julie Saury, solide et inspirée, allume de petites étincelles qui portent l’ensemble. Et que dire de son duo avec 20SYL, qui s’amuse à suivre et poursuivre sa batterie ? A la contrebasse, Bruno Schorp est discret mais inspiré, socle inamovible d’un groupe rieur et engagé. Humour, sensualité, lignes mélodiques illuminées, tout y est.

Planant au-dessus de tout cela, Llado s’amuse avec son trombone comme avec ses conques ; celles-ci apportent une couleur exotique qui n’a rien du gadget : elles collent parfaitement à la musique. À voir la manière dont il use des effets et boucles qu’il lance en direct qui lui permettent d’improviser goulûment, seul mais sonnant comme cinq, on comprend vite que ce musicien est un grand. Pas de doute, la musique peut allier exigence et plaisir, et offrir de grands moments de jeu collectif sans tabous ni frontières.