Sur la platine

Signe Emmeluth signe l’Action Painting

Un premier album en solo pour la saxophoniste danoise osloïte.


On gardera tous une mémoire de la pandémie de Covid-19, nous les vivant.e.s.
Pour certain.e.s artistes, cette mémoire s’inscrit aussi dans des productions toutes particulières. Aussi, ce disque, enregistré à l’occasion d’un festival annulé mais maintenu en ligne, en est le témoin. Il sort fin janvier.

C’est le festival Sonic Transmissions organisé par le contrebassiste norvégien Ingebrigt Håker Flaten qui, se tenant en streaming en 2020, a contraint les artistes à s’adapter. La saxophoniste Signe Emmeluth s’est donc retrouvée à proposer un solo, enregistré en live au Kafé Hærverk d’Oslo, une suite ininterrompue de 35 minutes intitulée Action Painting en Vogue sorti sur le label Relative Pitch.

Le solo de saxophone est un exercice de voltige. L’alto au registre médium, la mélodie monodique, la gestion du souffle et du silence, toute la construction du solo demande une confiance et une maîtrise de soi extrêmes.
Signe Emmeluth choisit une voie picturale, sans mélisme ni mélodie. Une interprétation basée sur le souffle, sur le boisé de l’anche, sur le claquement de la langue et le délié très rapide de ses traits agitateurs.

L’unique titre de ce disque, qui s’intitule avec humour « Hi Hello I’m Signe », s’ouvre par un silence que vient inciser un feulement délicat et quelques notes poussées là par le vent.
L’altiste construit alors, progressivement, une tableau fait de traits rapides, de grosses touches, de stries. Elle utilise un peu d’écho et quelques effets absorbants pour dompter un son qui, d’habitude, sort à pleine voix et se concentre sur un point d’équilibre mélodico-rythmique autour duquel elle tourne, virevolte. Comme si elle tentait d’échapper à son attraction.
Cette prestation vient confirmer le bien qu’on pense de cette artiste et la maturité musicale avec laquelle elle compose.
Plus tard, plus loin, elle laisse s’échapper des bribes de musique, un sifflement, un ressac qui se meurt dans le silence.
Quelques applaudissements, on ferme !