Chronique

Snétberger / Jormin / Baron

Titok

Ferenc Snétberger (g), Anders Jormin (b), Joey Baron (dms)

Label / Distribution : ECM

Ferenc Snétberger fait partie de ces rares guitaristes (avec Federico Casagrande), capables de développer des structures complexes, d’une exigence technique considérable, avec une aisance et une délicatesse dans l’interprétation qui en révèlent d’abord l’aspect mélodique. Accompagné du suédois Anders Jormin à la contrebasse et l’américain Joey Baron à la batterie, il réalise ici une œuvre toute en subtilités, finesse et profondeur.

C’est le fondateur d’ECM, Manfred Eicher, qui souffla à Ferenc Snétberger l’idée de réunir les trois musiciens, d’abord pour trois concerts en Hongrie, puis lors d’une session studio organisée dans la foulée avec le producteur allemand aux commandes. Il eut également un rôle décisif dans le choix des morceaux et l’ordre à donner à l’ensemble. Au programme, cinq titres entièrement improvisés : « Cou Cou », « Titok », « Clown », « Rush » et « Inference », auxquels s’ajoutent d’anciens titres de Snétberger « Kék Kerék » et quelques pièces écrites exclusivement pour le trio : « Rambling », « Fairytale » et « Leolo » (que la contrebasse illumine).

Treize titres au cours desquels la magie du trio opère immédiatement, comme une évidence. L’interaction entre la guitare et la contrebasse est permanente, et sur cette voix à 10 cordes, Joey Baron fait bien plus que d’ajouter du rythme : il suit les pérégrinations improvisées de ses compagnons, extrait la part mélodique de ses cymbales et de ses toms qu’il effleure parfois pour apporter sa propre voix à l’ensemble. Un soin particulier est accordé à l’esthétique acoustique, ce qui participe à la clarté de l’œuvre et en libère davantage l’expression. Quand une réunion est aussi judicieuse, elle produit une unité, une personnalité musicale immédiatement reconnaissable, et en l’occurrence un disque plus que recommandable.