Christina Dahl Trio

Saxophoniste danoise peu connue ici mais particulièrement estimée chez elle, Christina Dahl n’en est pas à ses premières expériences. Forte d’un parcours durant lequel elle a expérimenté toutes les configurations (du trio ou quartet au big band), elle peut se flatter d’avoir creusé le son du ténor et de l’avoir éprouvé auprès de nombreuses esthétiques (notamment en une dizaine de disques qu’elle signe de son nom). Si son penchant pour un son enveloppant qui baigne dans des climats éthérés évoquant, pour le mieux, ceux qu’affectionnent Bill Frisell, ou celui pour un funk sympathique et arrondi, ne sont pas toujours du meilleur goût (j’entends celui de votre chroniqueur), il est bon de ne pas s’arrêter à cette première approche et le nouveau trio qu’elle défend pourrait être l’occasion de changer de regard.

Entourée de Simon Toldam (piano et synthétiseurs, découvert au sein du All Too Humans du batteur) et Peter Bruun (batterie), elle construit des atmosphères qui évoquent le meilleur ECM dans la manière qu’elle a de privilégier l’espace et de jouer avec les silences. Sur des compositions séduisantes et suffisamment sophistiquées pour ne pas verser dans le maniérisme, elle fait sonner un saxophone avec chaleur et un mordant toujours prenant. Les claviers de son partenaire dressent derrière elle de grands paysages mobiles aux couleurs vaporeuses. qui dévoilent une matière cristalline et diaphane dans laquelle s’insère le naturel d’un piano qui trouve là une identité nouvelle.

Discrètement, et s’appuyant sur les sons synthétiques du clavier, la batterie, par touches sèches et d’une vraie profondeur, vient agiter l’ensemble et stimuler la leadeuse dans un équilibre choisi entre acoustique et électronique. Sans se départir des ambiances vaporeuses, elle donne à entendre des mondes variés, du doux, voire mélancolique, à d’autres plus inquiétants et tendus, et surtout, entraîne l’auditeur dans un voyage captivant où il fait bon de plonger sans retenue.