Chronique

Théo Ceccaldi Freaks

Amanda Dakota

Théo Ceccaldi (vl, claviers, voix), Benjamin Dousteyssier (as, bs), Quentin Biardeau (st, claviers, voix), Giani Caserotto (eg, claviers), Valentin Ceccaldi (vl, horizoncelle), Etienne Ziemniak (dm)

Label / Distribution : Tricollection

Théo Ceccaldi ajoute une corde à son violon et dévoile une nouvelle facette de sa personnalité protéiforme : celle d’un authentique rockeur. A la tête d’un sextet composé de musiciens de sa génération, il propose un programme où l’exigence technique le dispute à l’énergie et l’immédiateté d’une musique folle.

En dix pistes, ce théâtre post-moderne voit défiler un cocktail de genres savamment dosé et parfaitement agencé. Pop, easy listening, new wave, free jazz, punk s’entrechoquent dans un joyeux mélange et ces décrochages permanents évoquent le zapping pratiqué par le John Zorn de la fin des années 80 - même si le soin porté à des structures architecturales solides rappelle également Frank Zappa.

Pourtant si Amanda Dakota conserve son originalité, c’est que ces riffs épileptiques et embryonnaires prennent place au sein de titres coups de poing non dénués d’ironie et d’humour. Portés notamment par des paroles aussi éparses que cyniques (“Tchou tchou train train, bienvenue dans ta boîte en sapin”) chantées par des voix aériennes qui ajoutent un degré supplémentaire à ce déferlement, ils sont enrichis par la batterie omniprésente d’Etienne Ziemniak et vitaminés par les basses de Valentin Ceccaldi à l’horizoncelle (guitare basse accordée comme un violoncelle). Les nappes de synthétiseurs et de violon liant le tout ; ne reste plus aux saxophones de Quentin Biardeau (ténor) et Benjamin Dousteyssier (baryton et alto) qu’à expulser leurs poumons pour lacérer la première ligne et propulser la formation vers des paroxysmes jouissifs.

Dernier acteur, et non des moindres, le guitariste Gianni Caserotto est la pierre angulaire de l’édifice. Le mordant dont il fait preuve dans l’attaque des cordes, bien loin de la rondeur du monde du jazz, assure un supplément à ce disque. Versant sonore de l’iconographie qui le complète (fourrure, pose androgyne, collage), en chef d’orchestre et grand ordonnateur, Théo Ceccaldi invente un objet transgenre : foutraque, généreux, sensuel et violent.