Scènes

Sylvain Cathala Trio au Pannonica

Dans le cadre du Brain Festival, la salle nantaise accueillait le 2 février 2011 le trio de Sylvain Cathala pour une soirée autour de l’album « Moonless ».


Dans le cadre du Brain Festival, la salle nantaise accueillait le trio de Sylvain Cathala qui soutenait ainsi la recherche sur les maladies neuro-dégénératives en reversant ses cachets au à l’association Neuroligue.

On connaît Cathala pour son travail avec Print, un des groupes les plus intéressants de la scène française contemporaine, mais il est également à la tête d’un trio dont le dernier disque en date, Moonless, paru début 2010, a marqué les esprits. A ses côtés, Sarah Murcia à la contrebasse et Franck Vaillant (remplaçant au pied levé Christophe Lavergne), soit un trio classique dans la forme mais d’une grande modernité, qui associe avec bonheur l’amour de la complexité et du travail sur les rythmes à une sensualité musicale moins marquée dans ses autres projets.

Sylvain Cathala et Sarah Murcia © J. Gros-Burdet

Après la grande réussite de Moonless, on était impatient de savoir comment le trio allait faire vivre sur scène cette œuvre très aboutie. Et le défi est relevé : devant une salle malheureusement clairsemée, il nous offre une relecture à la fois proche du disque dans l’esprit et d’une fraîcheur insoupçonnée, jouant avec délectation des complexités rythmiques sans sacrifier l’aspect charnel. Sarah Murcia est encore plus impressionnante en concert par la technique et le son, bien sûr, mais aussi par une inventivité permanente. Vaillant, compagnon de longue date de Cathala, notamment au sein de Print, enrichit le discours du groupe par ses talents de percussionniste et sa science de la couleur.

Franck Vaillant © J. Gros-Burdet

Dans un registre pourtant différent de celui de Lavergne, il donne l’impression de participer depuis toujours à l’aventure tant il s’immerge avec aisance dans la musique et sa complicité avec Sarah Murcia en est une preuve supplémentaire : échange de sourires et de regards plein de satisfaction au détour de phrases musicales superbes, comme autant d’indices d’un bonheur partagé. D’ailleurs, le comportement de Cathala ne trompe pas : il laisse beaucoup d’espace à ses partenaires et prend manifestement plaisir à les écouter dialoguer. Quand il embouche son saxophone, c’est toujours pour réinventer Moonless. Ses phrases s’aèrent, son discours se fait par instants elliptique, laissant la mémoire de l’auditeur du disque entrer en résonance avec celle du spectateur.

Une musique à la fois sensuelle et moderne, complexe et mélodique, pleine d’énergie et de rebondissements, marquée par la personnalité d’un saxophoniste et compositeur qui s’affirme de plus en plus comme une figure majeure de la scène hexagonale.