Scènes

The Archetypal Syndicate au 59 Rivoli

Un trio chamanique pour un rituel de transe folk psychédélique en concert à Paris


Sven Clerx © Guy Sitruk

« Trio chamanique pour un rituel de transe folk psychédélique du 21e siècle ». C’est ainsi que se présente ce trio composé de Paul Wacrenier (Healing Orchestra) : kalimba, mbira, likembe, guembri, percussions, effets / Karsten Hochapfel (Naissam Jalal, Odeia) : violoncelle, guitare portugaise, guitare électrique, effets / Sven Clerx (Surnatural Orchestra) : percussions, gongs, cloches, tam, grelots. Trois musiciens issus du monde du jazz.

Karsten Hochapfel et Paul Wacrenier © Guy Sitruk

Pas de chaman (dans votre esprit peut-être), ni de folk (sauf imaginaire), mais une preuve supplémentaire que le jazz est d’une plasticité étonnante.
Pas de blues non plus mais des couleurs et des instruments du Sud (Afrique avec le guembri, les mbiras de Paul Wacrenier, Portugal avec cette guitare aux étranges aigrettes de Karsten Hochapfel, percussions du monde et d’ailleurs pour Sven Clerx), sur des lignes répétitives, sources de la dite transe et du vagabondage de la psyché.
Il faut retenir l’ambition des musiciens : toucher la sensibilité immédiate de l’autre. Ce qui compte alors est davantage l’effet de groupe que le jeu individuel. L’intensité du discours va crescendo dans chacune des pièces avec le concours des sources multiples des percussions.
Cette démarche n’est pas radicalement nouvelle, mais ce sont les couleurs, les timbres, les rythmes enchevêtrés, l’utilisation de l’électronique, qui donnent ici la saveur toute particulière de ce Syndicat. À l’exemple de ce thème, « Zorba », joué en final de la soirée et en passe de devenir leur tube.

Malgré la canicule (y avait-il une climatisation ?), le temps passe bien vite, l’ambiance est bon enfant, typique des friches musicales. La séduction opère auprès d’habitués des musiques abruptes, exigeantes, voire expérimentales. Mais peut-être n’était-ce pas la « cible » du groupe. L’enthousiasme du jeune public, majoritaire au 59 Rivoli, prouve que le Syndicat a su aussi trouver l’accès direct à leur sensibilité. Peut-être aussi n’y a-t-il de la part du trio que l’envie de trouver ensemble d’autres plaisirs, aux franges, via les neutrinos culturels qui nous traversent continûment.

par Guy Sitruk // Publié le 18 août 2019
P.-S. :

Il est possible d’acheter leur album sur Bandcamp . C’est un peu leur carte de visite. Les conditions d’enregistrement rendent davantage justice à la qualité du projet que sur la petite vidéo.
Son prix ? 7€