Chronique

The Drops

Falling From The Sky

Federico Casagrande (g), Christophe Panzani (ts), Ted Poor (dr)

Label / Distribution : Hyena

La musique du duo The Drops, devenu trio pour son premier album Falling From The Sky [1], n’est pas de celles qui vous brutalisent ; elle résonne au contraire comme une invitation à la flânerie rêveuse et méditative. Son onirisme serein est illustré sur la pochette par une allusion très directe à l’univers surréaliste du peintre René Magritte. Les trois musiciens en haut-de-forme sont un clin d’œil à la pluie d’hommes du tableau Golconde. On s’amusera à établir un parallèle entre le sens de cette toile - la perte d’identité de l’individu - et le nom du groupe qui, pour les deux instigateurs du projet, Christophe Panzani et Federico Casagrande « symbolise l’être humain qui existe à la fois comme individu et comme élément d’un tout universel. A la façon d’une goutte d’eau [2], qui existe toujours même quand elle se fond dans la mer ». Un projet né à Paris fin 2008 où ils affichent une complicité sereine qui prend le temps de conter de belles histoires, la plupart du temps sous la forme de ballades assumant leurs influences pop ou rock. Le mid tempo qui règne sur la plupart des compositions contribue à l’impression agréable de côtoyer un univers pacifié, délivré des urgences d’un quotidien anxiogène. L’interprétation est rigoureuse, habitée d’un souffle discret qui est celui de la brise plus que de la tempête. Un disque attachant où s’installe dès les premiers mesures du « 3e souffle » un climat intimiste, chaleureux et presque nocturne.

Pour mémoire, rappelons d’abord que Christophe Panzani (saxophone) n’est pas un inconnu. Si l’on a pu récemment apprécier son talent dans les Empreintes ou les Electro Couac Sha-Docks d’Olivier Calmel, on n’oublie pas qu’il est par ailleurs membre du Big Band de Carla Bley, l’occasion rêvée de côtoyer, entre autres, des pointures telles que Steve Swallow, Billy Drummond ou Andy Sheppard. Belle carte de visite… Quant à son complice Federico Casagrande, installé à Paris après avoir frotté ses cordes à la Berklee School Of Music de Boston, il a deux albums à son actif [3]. Tous deux trouvent en Ted Poor, batteur inventif de la scène new-yorkaise, un parfait troisième élément dont l’appui subtil complète avec beaucoup de spontanéité les idées mélodiques qu’ils développent.

Discrètement charmeur, Falling From The Sky fera très vite chanter en vous sa mélodie intimiste.

par Denis Desassis // Publié le 31 janvier 2011

[1Enregistré à New York en septembre 2009.

[2En anglais, « drop ».

[3Dont le très beau Spirits Of The Mountain que nous évoquerons prochainement ici.