Chronique

The Fully Celebrated Orchestra

Sob Story

Jim Hobbs (as), Timo Shanko (b), Ian Ayers (g), Taylor Ho Bynum (cnt), Luther Gray (d).

Label / Distribution : Relative Pitch

Il est parfois difficile de trouver le bon qualificatif pour un musicien ou un orchestre, et puis il en est qui viennent naturellement : pour Le Fully Celebrated Orchestra (FCO) du saxophoniste Jim Hobbs, c’est « sale gosse » qui vient en premier lieu. Et ça tombe bien, le jazz aime ça, les sales gosses, les urgences mal peignées et les traditions survolées : c’est exactement le sujet de « Total Clown Show » où l’atmosphère colemanienne tendance Ornette pointe le bout de son nez, appuyée par la walking bass tranchante de Timo Shanko, multi-instrumentiste de Boston et auteur de podcast ; c’est le duo originel, celui qui faisait danser les coins de rue du Massachusets avec un free qui se mâtinait d’une attitude plutôt punk. On retrouve cela sur Sob Story, le premier depuis 2005, avec « Grave Marchant ». Sur ce morceau où Taylor Ho Bynum fait parler la poudre, Luther Gray, l’habituel batteur des orchestres de Pandelis Karayorgis, fait danser sa batterie sans sourciller. Le FCO va droit devant. Et montre même les muscles sur « Tough Guy », avec la guitare de Ian Ayers.

L’amitié entre Hobbs et Ho Bynum est ancienne, le saxophoniste a beaucoup travaillé avec le tromboniste Bill Lowe, et on le retrouve sur le 9-tette et sur le Plustet du cornettiste. Et même sur des morceaux plus abstraits comme « The Spider Gates », on reconnaît sa patte d’arrangeur. C’est la plasticité du FCO qui impressionne, cette facilité à pouvoir tout jouer, avec une prédilection particulière pour ce qui chahute, à l’image des grondements électriques de « Langage of The Birds » qui répond à l’entêtante liberté des soufflants. Une attitude qu’on retrouve sous une autre forme avec l’agilité de « Certificate Of Bagua ». Une souplesse en toutes circonstances.

Ce disque paru chez Relative Pitch est celui des retrouvailles. On réécoutera, avec moins de nostalgie peut-être d’anciens albums du FCO, comme ce brillant Marriage of Heaven & Earth qui accuse ses 22 ans d’âge. L’album se termine, ultime gaminerie, sur le « Oh My Papa », sans le sirop des versions des fifties, lorgnant plutôt vers la lente déconstruction paternelle chère aux Mothers Of Inventions. Une fête joyeuse et un peu clandestine, à ne surtout pas manquer !

par Franpi Barriaux // Publié le 23 juin 2024
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