Portrait

Thomas de Pourquery est une Drôle de dame

Le saxophoniste astronomique donne quelques clés pour comprendre la musique de Drôles de Dames, un trio à part.


© Christophe Charpenel

En trio, uniquement avec des instruments à vent et un synthétiseur, sur un label hongrois et en improvisation totale, le dernier projet Drôles de Dames a de quoi surprendre. Pour parler de ce disque magnifique, le saxophoniste et chanteur Thomas de Pourquery répond à quelques questions avec sérieux et rigueur scientifique, comme à son habitude.

Drôles de Dames © Jeff Humbert

- Comment s’est passé l’enregistrement de ce projet et quel souvenir marquant pouvez-vous partager ?

Cet album est une session improvisée avec mes frères Laurent Bardainne et Fabrice Martinez, avec lesquels nous jouons depuis 10 ans dans notre groupe Supersonic.
Supersonic était invité au festival Jazz in the City de Salzbourg en Autriche il y a 3 ans, et la programmatrice Tina Heine m’a demandé de penser à une petite forme à faire en plus du concert de Supersonic.
J’ai eu l’idée d’inviter Laurent et Fabrice à jouer en trio pour un petit set improvisé. Ce fut un moment magique. L’un des directeurs du label hongrois BMC était présent dans la salle et deux semaines plus tard nous étions invités à venir enregistrer cette session improvisée à Budapest.

Un souvenir marquant ? Hahaha… je pense que chaque note de cette session fut un moment marquant !

- Dans les titres, sur la pochette, il est question d’espace, de ciel, d’extraterrestres, etc.. Qu’est-ce que vous racontez ? Quelle histoire se décline au fil des morceaux ?

J’entreprends depuis 10 ans avec mes amis extra-terrestres de Supersonic un voyage à travers l’espace et le temps.
Ni plus, ni moins que tout musicien qui se respecte.
Notre vaisseau, la musique, est à la fois le canal et le paysage.

Avec Drôles de Dames nous poursuivons cette quête du temps dans l’espace ; improviser est une connexion absolue au présent, donc à l’éternité.
Nous avons improvisé une éternité singulière.
Ça nous a pris quatre heures.

Et on vous embrasse.

- Ce trio de soufflants est très aérien et votre jeu de sax est particulièrement délicat et incisif. Il y a beaucoup d’espaces dans la musique. Est-ce que ces drôles de dames font de la dentelle ?

Ma réponse à cette question est :

«                                                    »

Nébuleuse.

- Comment s’est passée l’année 2020 pour vous ?

2020 fut difficile. Vraiment. Je vous passe les détails, vous étiez là aussi.
Mais j’ai une bonne mutuelle, j’ai trouvé une médecin merveilleuse et puis j’ai été sauvé par l’intégrale des albums d’Henry Threadgill et la vidéo d’Ella Fitzgerald et Franck Sinatra chantant « Moonlight in Vermont ».
Et puis grâce à la chance que j’ai d’être de gauche, viscéralement féministe et Afro-futuriste, j’ai enfin assumé d’être gender fluid.

Coïncidence ou destinée ? Nul ne le saura jamais… mais ce matin j’ai vu un arc-en-ciel se lever avec le soleil, bercé par la musique de Fabrice Theuillon.
Je suis aux anges.