Chronique

Bardainne, Martinez, De Pourquery

Drôles de Dames

Fabrice Martinez (tr, bug), Laurent Bardainne (ts, synth), Thomas de Pourquery (as, voc)

Label / Distribution : BMC Records

Sur la pochette, trois avions de ligne, tordus et emmêlés, semblent tourner en rond dans un ciel bleu. On pourrait croire à l’affiche du film « Y’a-t-il un pilote dans l’avion ? ». Il n’en est rien. Absolument rien.
Ces avions sont le reflet des trois musiciens virevoltant en apesanteur, sans filet, sans complexe, nus.
On entre dans ce disque comme on ouvrirait la porte d’une petite église de campagne, de ces édifices romans restés frais malgré la chaleur aveuglante d’une après-midi saintongeaise. On y entre parce qu’on est attiré par une musique étrange qui en résonne. Et en poussant la porte, on se trouve face à trois formes évanescentes, luminescentes et qui inondent la nef d’une radiation musicale sans pareil.

Vous ne me croyez pas ? Mettez le disque.
Le disque s’ouvre et se ferme sur le même motif de cinq notes, le code joué au métallophone par le petit garçon dans le film de Spielberg Rencontres du troisième type, le code auquel répond un certain public. Neuf morceaux pour ce public universel, au sens astronomique. Ce genre de public qui va donc finir par arriver - en vaisseau, en soucoupe, peu importe - attiré par cette musique magnétique.
Fabrice Martinez, Laurent Bardainne et Thomas de Pourquery, enfermés dans le studio hongrois du Budapest Music Center [1] ont enregistré cette musique improvisée à la seule force de leurs trois instruments à vent, d’un synthétiseur et de la voix toujours cinématographique de Pourquery.
On bascule de plages étirées en longueur, planantes, presque inquiétantes à des montées crescendo, comme pour l’incendie qui éclate sur « Magic Fire ». Parfois, on dirait que David Bowie et Sun Ra font le bœuf…
Les trois musiciens montent et descendent avec agilité et rapidité les échelons de leurs amplitudes, de profonds graves – des aigus percutants. « The Sign » est une suite en trois mouvements qui porte le sceau artistique du groupe Supersonic, dont sont issus les trois musiciens. Une signature rétro-futuriste comme on aime à écrire pour expliquer l’inexplicable.

Ce disque n’est pas seulement étonnant et envoûtant, il atteste de l’existence d’une force extérieure : la bonté divine !