Vincent Courtois Trio

Des grincements, des frottements, des claquements sur les cordes : le bruit d’un cintre, d’une robe dégrafée ? Dans l’intimité retrouvée d’une cabine d’essayage (Fitting room en anglais), c’est là ou nous entraîne le nouveau disque de Vincent Courtois. A nous d’ inventer des histoires qui iront avec, de laisser le champ libre à son imagination.

Pari osé donc pour Courtois et ses deux acolytes. Car cette musique ne se donne pas facilement, elle demande une écoute attentive et prolongée. A mi chemin entre des musiques contemporaines et les musiques improvisées, on n’y trouve pas de compromis, de facilités mélodiques, de conventions. Au contraire, une tension et une écoute de tous les instants, avec des alliages sonores originaux. On ne devrait même pas dire trio, plutôt 2+1, pour mieux séparer les cordes frottées ou pincées de Courtois et Pifarely, des cordes métalliques de Ducret. Mais ces trois voix réussissent à se mélanger pour créer, jouer des climats calmes ou violents. Musique de contrastes. Musique inouïe aussi, sans tambours ni trompettes, mais qui dégage une véritable fraîcheur.

On retrouve donc avec bonheur Ducret dans un domaine acoustique où il se fait rare, et deux musiciens originaux sur des instruments qui appartiennent plus à la culture classique qu’au jazz.

Finalement l’aridité qui pouvait se dégager au premier abord devient sensualité lorsqu’on fait l’effort de se plonger dans The Fitting Room sans préventions. Le plaisir est alors bel et bien au rendez vous, et on se doit de saluer ce disque de trois musiciens qui ont cherché et qui ont trouvé.