Chronique

Walter Smith III

return to casual

Walter Smith III (ts), Taylor Eigsti (p), James Francies (p), Matt Stevens (g), Ambrose Akinmusire (tp), Harish Raghavan (b), Kendrick Scott (dm)

Label / Distribution : Blue Note

Une entrée par la grande porte dans le label Blue Note est toujours annonciatrice d’une personnalité accomplie dans la planète Jazz. Avec return to casual, le saxophoniste Walter Smith III n’échappe pas à la règle. La réputation de l’étiquette discographique fondée en 1939 par le visionnaire Alfred Lion s’identifia vite au bebop ou à son extension le hard bop dans les années cinquante. Le saxophoniste Walter Smith III propose un enregistrement où son univers émane de ces courants musicaux. Une once de modernité apportée par la conception des compositions et l’incursion d’Ambrose Akinmusire illumine les compositions.

L’expérience du saxophoniste, acquise aussi bien avec Gerald Clayton que Herbie Hancock, apporte un regain de tonicité tout au long de return to casual, la coopération avec ses partenaires musicaux ne laissant rien au hasard.

La vélocité émerge sans complexe avec « Contra », morceau où l’utilisation d’une métrique millimétrée présente une analogie avec l’antique code de test de jeu vidéo, ce qui rappelle des souvenirs d’enfance revendiqués par Walter Smith III. Avec l’intensité de « River Styx », nous avons droit à une intervention d’Ambrose Akinmusire optant pour un lyrisme bienvenu. La communion entre les souffleurs est de mise mais cette interactivité n’est possible que grâce à la paire rythmique rodée composée de Harish Raghavan et Kendrick Scott, dont la frappe énergique s’inscrit dans la lignée de Max Roach. Là aussi, l’influence du hard bop se fait ressentir. Le jeu pianistique sans faille de Taylor Eigsti détermine une ossature solide tout au long de l’album tandis que le Canadien Matt Stevens, révélé aux côtés d’Esperanza Spalding, incorpore des interventions solistes remarquables.

Ce disque qui s’inscrit dans une esthétique conventionnelle aurait un impact supérieur s’il dérivait dans l’esthétique d’ « Amelia Earhart Ghosted Me », composition plus expérimentale où, entre la trompette aventureuse et la batterie aérienne, se dessine une part de mystère captivant.