Chronique

Ambrose Akinmusire

Origami Harvest

Ambrose Akinmusire (tp, synth), Marcus Gilmore (dm), Sam Harris (p, synth), Walter Smith III (saxes), Mivos Quartet (Cordes), Kool A.D. (voc), LMBR-JCK T (voc)

Label / Distribution : Blue Note

Avec Origami Harvest, Ambrose Akinmusire crée les conditions d’une rencontre entre les opposés du monde moderne : origines, genres, cultures. Une réponse au communautarisme et au racisme qui passe par une création musicale originale et cohérente, un reflet de la diversité au sein de la société américaine. Pour mener à bien la démarche, il fallait convoquer un casting conséquent. Ainsi des femmes, des hommes, issus d’univers épars conjuguent leurs talents au service d’une œuvre qui allie musique de chambre, jazz, hip-hop, soul et funk. Maîtrisée, elle évite l’écueil d’un syncrétisme indigeste et possède sa propre identité.

La musique est ambitieuse, ce qui ne surprend pas beaucoup lorsqu’on connaît Ambrose Akinmusire. Elle fascine ou déconcerte mais ne laisse personne indifférent. Le trompettiste s’y exprime peu, il en est avant tout le compositeur et intervient avec son instrument presque comme un invité. Un espace considérable est laissé à chacun pour que la rencontre ne soit pas une idée en toile de fond mais bien le cœur de l’album. Il en ressort une musique éclatée, pleine de reliefs, émouvante, sincère, par laquelle l’enfant d’Oakland poursuit sa quête d’une certaine beauté artistique, et la trouve.

Entre introspection et effusion, celui qui s’est depuis longtemps affranchi de toute considération égotique livre avec Origami Harvest son album le plus audacieux, le plus déroutant, et peut-être le plus beau. Il confirme un talent dont on ne doutait pas vraiment, et ne cesse de nous surprendre en instillant du sang neuf dans un corps musical souvent désabusé, parce que persuadé que tout a été dit.