Chronique

Wolfgang Muthspiel

Dance of the Elders

Wolfgang Muthspiel (g), Scott Colley (b), Brian Blade (dms).

Label / Distribution : ECM

L’heureuse influence de Mick Goodrick se ressent dans Dance of the Elders, le dernier album en trio du guitariste Wolfgang Muthspiel. Les séquences harmoniques déployées à la guitare démontrent combien ce musicien autrichien se situe dans la lignée de son illustre prédécesseur avec lequel il fit des tournées en compagnie de Gary Burton.

Durant les sept compositions que comporte cet album, une interaction avec la rythmique, composée de Scott Colley à la contrebasse et de Brian Blade à la batterie, permet à Wolfgang Muthspiel d’approcher les introspections de Ralph Towner ou de Jimmy Raney. La musique devient limpide tout en étant sophistiquée, la notion d’harmonie collective prenant alors tout son sens. Deux emprunts témoignent de la largeur d’esprit de ce guitariste, « Liebeslied » du duo Bertolt Brecht - Kurt Weill, qui s’aventure dans le bebop, et « Amelia » de Joni Mitchell où les scansions harmoniques se mesurent à des notes cristallines.

Scott Colley est ici comme un poisson dans l’eau : lui qui fut le partenaire de Jim Hall et de John Scofield, sait comment intervenir pour magnifier les envolées du guitariste ; sa contrebasse devient quasi aérienne dans « Liebeslied ». L’assurance de Brian Blade, fidèle compagnon des projets de Wolfgang Muthspiel, se fait ressentir avec ses relances rythmiques toujours mesurées et par son jeu aux balais inspiré. La particularité de ce batteur est d’avoir intégré le songbook américain. Le gospel l’a inspiré dans son enfance et son rôle historique dans le quartet de Wayne Shorter fut capital. Sa capacité à composer et chanter de la soul music dans son album Mama Rosa fait de lui ce mélodiste futé dans Dance of the Elders. Les Anciens dansent mais veillent au grain.

La subtilité du trio Muthspiel, Colley, Blade se manifeste avec des improvisations raffinées ainsi que par des contrastes acoustiques et électriques. Les musiciens ne sont pas là pour se faire entendre mais au contraire pour être écoutés, nuance. Cette démarche noble demande de l’attention afin de révéler toute sa beauté.